mardi 4 mai 2010

Lesconil. Bolincheurs chinois sans papiers





Mi-avril, deux nouvelles unités entraient dans le port de Lesconil. Deux futurs bolincheurs, pas encore armés, mais dont l'histoire est déjà tumultueuse. Construits en Chine, leur livraison a pris trois années de retard. Et ils n'ont toujours pas le droit de naviguer.

Difficile de les rater. Accostés à couple dans le port de Lesconil, les bateaux jumeaux de 16m de long, construits en polyester et en bois, sont arrivés il y a de cela près de trois semaines. Difficile de les manquer, dans un port qui a vu, ces dernières années, disparaître ses chalutiers. Tous victimes des plans de casse successifs, au point qu'il a fallu fermer la criée. Pour autant, ces deux bateaux, appelés à partir à la bolinche, ne sont pas véritablement neufs. «Cela fait trois ans qu'ils auraient dû être là», peste Mickaël Quiniou, à l'origine de la construction de ces navires au destin particulier. Pour plusieurs raisons... D'abord par leur naissance. Alors que la Bretagne n'est pas exsangue de chantiers navals, Mickaël Quiniou a choisi de les faire construire en Chine. «En Bretagne, les chantiers ont délaissé le polyester pour la pêche. Certains se sont tournés uniquement vers la plaisance, d'autres préfèrent aujourd'hui construire des vedettes à passagers. La pêche, ça n'intéresse plus grand monde».

Aller-retour pour rien en Chine

Les pérégrinations du marin bigouden en Chine commencent ainsi. C'était sans compter sur la défection d'un intermédiaire. Sans compter, non plus, sur des malfaçons apparues sur l'une des deux unités. S'engage alors un bras de fer à distance. Mickaël Quiniou se rend même jusqu'en Chine, s'apprête à charger ses deux bolincheurs sur un cargo en partance pour l'Europe quand la menace d'un procès intenté au constructeur par l'intermédiaire empêche le départ. Le marin bigouden doit rentrer en France, sans ses bateaux. Finalement ramenés à Lorient, puis pris en remorque jusqu'à Lesconil, les deux unités découvrent leur port d'attache en avril. Au final, alors que la construction de ces deux bolincheurs devait être une bonne opération financière, «je vais les payer aussi cher que si je les avais fait faire en France. Mais bon, c'est comme ça, et puis ce sont de bons bateaux, c'est solide». Les travaux d'armement ont donc commencé. Mais il est décidément écrit que rien ne serait simple, et une nouvelle menace pèse. Administrative, cette fois. «Avec le temps perdu pour les récupérer, on a fini par m'expliquer que les permis de mise en exploitation (PME) des deux bateaux qu'ils devaient venir remplacer ont disparu. Maintenant, il faut relancer toute la procédure». Pas sûr que ces fameux sésames soient délivrés dans trois mois, date prévue de leurs premières marées. «De toute façon, ça fera du bruit si je ne reçois pas les PME», prévient Mickaël Quiniou. «J'ai l'impression des fois qu'on veut empêcher les gens de travailler. Quand c'est pour donner des autorisations et des KW publics aux armements pour qu'ils fassent des chalutiers hauturiers de 25m, il n'y a pas de problème. Mais un artisan, on ne veut pas l'aider. Faut pas oublier que deux bolincheurs, c'est quinze marins au moins, l'équivalent de trois hauturiers, et autant de familles qui peuvent en vivre». Sur les bolincheurs chinois en attente d'une identité bigoudène, les travaux reprennent mais l'incertitude demeure


Marc Revel - Le Télégramme - 4-05-2010

vendredi 30 avril 2010

L'Armement bigouden va construire un chalutier


Il est l'un des trois armements bretons à bénéficier d'un PME. L'Armement bigouden a décidé de lancer la construction d'un nouveau chalutier de 24 m.

Depuis le Bara Pemdez II, il y a cinq ans, l'Armement bigouden avait interrompu le renouvellement de sa flottille. La conséquence d'un contexte économique difficile. Dans les prochains mois, le premier armement du Pays bigouden - onze chalutiers et une centaine de salariés dont 80marins- lancera la construction d'un nouveau bateau. Un chalutier de 24,90m (600kw) comparable au dernier né de l'armement, construit par le chantier Gléhen. «Malgré ce contexte défavorable, il fallait faire un bateau neuf», explique Soizig LeGall-Palmer, à la tête de l'armement.

Zéro aide publique

S'il s'agit de poursuivre la politique d'investissements, cette fois, l'entreprise devra se passer d'aide publique. Le Pemdez II (près de 2,4M€) avait, lui, bénéficié de 25% de subventions. «On a les reins suffisamment solides pour assumer ce type de construction, malgré des indicateurs par forcément au vert», poursuit-elle. Un projet synonyme d'amélioration des conditions d'exploitation et d'émulation sociale. Accordé par l'administration, le permis de mise en exploitation (PME) portera à douze le nombre d'unités de l'armement. Une nouvelle unité polyvalente permettant, si besoin, de travailler le chalut pélagique. Elle devrait, logiquement, cibler la lotte dans un premier temps.

Économies de gazole

Un projet qui s'appuie sur une double volonté. Celui de maximaliser la capacité de pêche en limitant la consommation de gazole. Un enjeu de taille quand on sait que le Bara Pemdez II consomme de 28 à 30.000 litres de gazole par marée. «Le problème, c'est que pour l'instant on ne peut faire que des économies de bout de chandelle. Le Bara Pemdez I, en 1979, était déjà équipé d'un économètre et d'une tuyère. Il n'y a pas grand-chose de nouveau depuis», poursuit la directrice de l'armement. Dans ces conditions, le cahier des charges du nouveau Bara évoque toutes les pistes: peinture de carène à base de silicone, remplacement des anodes par une protection cathodique, éclairages à leds, projet de récupération d'énergie dans les gaz d'échappement, train de pêche... «Le chalutier ne présentera pas de grande révolution».

Confiance

Soucieux de conserver ses équipages dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, l'armement mise également sur le confort à bord, du poste de travail à la cabine de l'équipage. «Nous souhaitons également travailler à la réduction des bruits produits par le moteur et l'hydraulique», explique encore Soizig Le Gall-Palmer. Un projet synonyme de confiance en l'avenir. Outre le lancement, par l'armement La Houle, de la reconstruction de L'Antaeus, un second PME a été délivré pour le quartier maritime. Cette fois, semble-t-il, pour un artisan hauturier.

Jean Le Borgne - Le Télégramme - 30 avril 2009

Pêche de la langoustine. Un petit nouveau à Lorient

Nouveau venu à Lorient, le chalutier Adeline-Stéphen (ci-contre), pêchera la langoustine vendue vivante dès la fin de la semaine, dans le golfe de Gascogne. L'ancien chalutier turballais de 17,50m, autrefois dénommé le Thomas-Nicolas, a été racheté par Stéphane Fravalo, qui a sorti son ancien bateau (Le Mégalithe) de la flotte, pour changer sa façon de pêcher. «J'ai pris la décision d'inscrire le Mégalithe au plan de sortie de flotte pour le thon rouge en janvier», explique le patron-pêcheur. «Il faisait 24m. Je voulais un bateau plus petit, pour pêcher la langoustine vivante.En mars, il est parti à la casse dans un chantier à la Turballe». Sur le Mégalithe, il pêchait de la langoustine glacée, dans le sud de l'Irlande. Des marées de 15jours, sans revenir à quai, par tous temps et, au bout du compte, une langoustine glacée qui se vendait de plus en plus mal. Avec l'Adeline-Séphen, Stéphane Fravalo garde le même équipage. Il pêchera dans le Golfe de Gascogne la langoustine vivante et viendra la débarquer à Lorient tous les trois ou quatre jours.

Le Télégramme - 28 avril 2010

mercredi 28 avril 2010

Un armement océanographique à Concarneau


Un nouvel armement, spécialisé dans la recherche océanographique vient de voir le jour à Concarneau, grâce à la collaboration entre la société In Vivo Environnement et Jean-Pierre Salaün, ancien armateur à la pêche et ex-président du comité local des pêches. Une SARL a été mise sur pied, dans laquelle Jean-Pierre Salaün détient 34% des parts, et In Vivo 66%. L'armement a affrété l'Atlantic Surveyor , ancienne unité du CNRS. Une petite vedette, actuellement en construction au Guilvinec, va rejoindre l'armement.

le Télégramme 28/04/2010

samedi 24 avril 2010

Bassin d'emploi. La filière pêche à la loupe

Suivi du plan de sortie de flotte, valorisation des acquis de l'expérience... L'observatoire de la filière pêche poursuit ses travaux. Avec pour objectif d'aiguiller la filière.
L'état des lieux réalisé en 2009 et présenté le 27 mars à Penmarc'h, lors des rencontres de l'intercommunalité, n'était qu'une étape pour le comité de bassin d'emploi. L'association qui tenait, hier, son assemblée générale s'apprête à suivre les marins des neuf autres navires retenus dans le cadre du dernier plan de sortie de flotte. «En espérant que ce sera la dernière fois... Depuis 2006, 61 navires auront été détruits», rappelle Guy Le Berre, le chargé de mission du comité de bassin d'emploi. Des données qui iront compléter celles de l'observatoire permanent de la filière pêche. L'enquête de gestion prévisionnelle des emplois et compétences avait ainsi souligné le déficit de main-d'oeuvre, malgré le contexte de crise. Acquis de l'expérience Une situation qui a conduit le comité de bassin d'emploi à lancer ses premières actions. À commencer par la valorisation des acquis de l'expérience. Une démarche dans laquelle six salariés d'une unité de mareyage de Loctudy - Pêcheries les brisants- se sont lancés. Dans le secteur de la marée toujours, l'association prend en charge, depuis trois ans, l'organisation du CAP d'employé de marée. À la pêche, un premier marin est également suivi par le comité de bassin d'emploi dans le cadre de la VAE. Avec l'objectif de décrocher le brevet de mécanicien 750kw par équivalence. Une piste de travail sérieuse pour permettre aux armements de faire face au déficit de mécaniciens. «Parallèlement, nous avons lancé une étude sur les marins dérogataires, justement pour tenter d'y voir plus clair sur le nombre de marins n'ayant pas les diplômes requis», poursuit le chargé de mission. Des premières expériences sur lesquelles le comité de bassin d'emploi compte fort pour faire tomber les inquiétudes. «Les chefs
d'entreprises craignent que le salarié parte en décrochant un diplôme. Mais la principale conséquence est d'élever le niveau de compétences dans les entreprises». L'association va d'ailleurs également se pencher sur les motivations qui conduisent des marins à quitter la pêche pour le commerce. Un modèle de Scop Réunis hier à l'occasion de l'assemblée générale du CBE, les représentants de la filière ont enfin pu prendre connaissance du modèle de Scop à la pêche. Le fruit d'un travail des étudiants de Sciences po Rennes. «Il est utilisable pour un projet de création d'entreprise», explique Guy Le Berre. Un statut proche de la rémunération à la part, chère aux pêcheurs. Mais encore plus du quirataire qui, il y a bien longtemps, permettait au boulanger, par exemple, de prendre des parts dans un bateau. Il peut apporter un début de solution face aux difficultés rencontrées pour le financement d'un bateau.

Le Télégramme - 24 avril 2010

vendredi 9 avril 2010

Vidéo: Le CBE sur Bigouden TV



Voir l'article sur Bigouden Tv

Emploi. La pêche manque de mécaniciens

En Cornouaille, la pêche hauturière est prête à embaucher 50mécaniciens. Faute de candidats, le déficit pourrait rapidement s'accentuer.
Le constat n'est pas nouveau. Mais la situation ne fait que s'aggraver malgré les sorties de flotte. Pour les seuls ports de Cornouaille, les 120 unités de pêche au large enregistrent un déficit de 50 mécaniciens brevetés. Une situation source de réelle tension sur les quais, même si la pénurie est, pour l'heure, absorbée par le système des dérogations. «Le besoin va s'amplifier dans les années à venir, compte tenu de l'âge moyen des marins, aujourd'hui de 44 ans», témoigne Xavier Prud'hon, l'administrateur des Affaires maritimes du quartier du Guilvinec. Face aux difficultés rencontrées par les armements à recruter, le lycée maritime du Guilvinec organisait hier une table ronde. L'établissement qui prépare désormais les candidats au BEP et au bac professionnel d'électromécanicien, ainsi qu'au brevet 750kw par le biais de la formation continue, entend redonner de l'attractivité d'un métier synonyme d'emploi. D'autant que la quinzaine de titulaires du brevet 750kw qui devrait sortir du lycée maritime en juin prochain ne suffira pas à répondre à ce déficit.

Polyvalence

La conséquence, aussi, d'une désaffection pour les métiers de la pêche -le mécanicien est avant tout un marin pêcheur spécialisé- au profit du commerce ou des emplois à terre, dans un contexte morose, source de déficit d'image. Polyvalente, la formation dispensée par le lycée maritime ouvre de nombreuses portes aux jeunes diplômés. Hier, au Guilvinec, motoristes, entreprises de mécaniques, armements et enseignants se sont accordés pour développer des partenariats susceptibles de valoriser le métier. L'occasion d'afficher leur volonté d'accueillir des jeunes en stage et de les embaucher à l'issue de leur période de formation. Lycée maritime du Guilvinec 02.98.58.96.00 ou www.lycee-maritime-guilvinec.com.

Loctudy. La difficile reconversion de deux marins

David Hecquet, 39 ans, et Nicolas Biger, 37 ans, ex-marins de la Capal, veulent racheter un canot pour la pêche côtière. Mais les banques, aujourd'hui, semblent des plus frileuses.

Du côté de Loctudy, alors que les éléments s'agitent, David Hecquet, 39 ans, et Nicolas Biger, 37ans, sont restés au port. Ces deux-là, pourtant, n'ont pas peur des coups de tabac, à force d'essuyer des tempêtes en Sud-Écosse ou en mer d'Irlande. Des années passées à la pêche hauturière, avant la grande dépression des plans de sortie de flotte. Derniers embarquements en date, sur le Kuzh Héol, un des navires concernés par la déroute de la Capal. «Il a été cassé en mars. Depuis janvier, on n'a rien eu. C'est la galère». La procédure de licenciement des ex-marins de la Capal est en cours. Mais ces deux-là ont du sang salé dans les veines, et n'imaginent pas autre chose que de partir en mer. Lassés des marées de quinze jours, «au bout d'un moment, c'est usant», l'occasion se présente aux deux marins, en début d'année, de racheter un canot de Loctudy. «8,30m, polyvalent, pour la palangre, le casier ou le filet». Une belle occasion, ce petit bateau de pêche côtière. Pourtant, si l'idée est belle, la réalité économique ne fait pas dans la dentelle.

Banques réticentes

«Il nous faut 130.000EUR, explique Nicolas Biger, mais pour l'instant, aucune banque ne veut nous suivre. Pourtant, on est vraiment super-motivés par ce projet de rachat, qui serait forcément rentable». Sur le bateau, «quelques bricoles à faire. Un moteur à changer pour être tranquilles pendant quelques années. On nous dit que notre apport personnel n'est pas assez important. Je crois plutôt, qu'aujourd'hui, les banques ne veulent simplement pas investir dans la pêche».

«Pas autre chose»

Cet apport personnel, «déjà élevé par rapport à ce que demandent normalement les banques», les deux associés pourraient le mettre. «Mais si au final on n'a pas de trésorerie, on se retrouvera très vite en difficulté». Les deux marins-pêcheurs avancent leurs arguments. «Un petit bateau comme ça, c'est économique en gazole. Les pratiques comme les arts dormants rentrent dans la pêche durable», justifie David Hecquet. Qui, au-delà de sa situation particulière, s'avoue désabusé par la situation de la filière. «Passé 40ans, on ne peut plus s'installer, on n'a plus droit aux aides. On est considérés comme des vieux. Il ne faut pas oublier que la moyenne d'âge des marins du quartier, est de 43 ans». Et les deux marins de s'interroger sur la sincérité des annonces faites par l'État, qui a récemment manifesté son intention de dynamiser la filière. «La formation, c'est bien. Mais si on n'aide pas les gens à reprendre des bateaux, ça ne sert à rien», juge Nicolas Biger. «On met tant d'argent pour casser des bateaux, mais on nous dit qu'il n'y en a pas pour moderniser», ajoute David Hecquet. «De toute façon, on n'envisage pas de faire autre chose», expliquent en choeur les deux pêcheurs. Avec une forme d'optimisme qui ne cache pas leurs doutes.


le Télégramme 5 avril 2010

CCPBS : le plus d'entreprises de pêche à Penmarc'h

«L'avenir de la pêche paraît sombre (...) Néanmoins, il n'y a pas de fatalité à cette évolution». Le mot est de Jean-Paul Stanzel. Fort de cette conviction, le président de la CCPBS et ses collègues ont fait de la pêche le thème de leurs premières Assises ce matin à Penmarc'h.

D'une à 94 entreprises selon les communes

Pour travailler, les élus s'appuieront sur une étude menée en 2009 par le comité de bassin d'emploi (CBE). La CCPBS l'a cofinancée avec l'État, la Région et le conseil général du Finistère (lire aussi en pages12 & 13). Et l'étude parle: ici, c'est la commune de Penmarch qui regroupe le plus de navires ou d'armements de pêche. Les sièges sociaux de 94 d'entre elles y sont basés. Le CBE en compte aussi 49 à Loctudy, 47 à Plobannalec-Lesconil, 24 à Treffiagat, 23 au Guilvinec, 19 à Plomeur, 13 à Pont-l'Abbé, quatre à Combrit, trois à Saint-Jean Trolimon et un à Tréguennec. Par ailleurs, le CBE indique que sur les 943 entreprises halieutiques de Cornouaille, la moitié est installée en terre bigoudène sud. La crise que traverse la pêche depuis plusieurs années a donc une résonance particulière ici. «Plus encore que les autres communautés cornouaillaises, la CCPBS présente (...) une forte dépendance au secteur de la pêche». Sur ses 12 communes, neuf d'entre elles ont une façade littorale et quatre sont des ports: Guilvinec, Loctudy, Lesconil et St-Guénolé-Penmarc'h.

«Multiples activités» liées à la pêche

Et le CBE de poursuivre: «Le nombre d'entreprises de pêche et de marins représentés, mais aussi les multiples activités qui y sont directement liées (mécanique, électronique, construction navale, avitaillement, mareyage, agroalimentaire, logistique, etc.) sont largement supérieures au reste de la Cornouaille». Le CBE conclut: «Le Pays Bigouden, qui avait réussi à traverser les turbulences qui agitent le monde de la pêche depuis de nombreuses années voit à son tour son capital de navires s'éroder. (...) Néanmoins, on observe une volonté constante des Bigoudens de ne pas laisser péricliter la pêche». Ce matin, J.-P.Stanzel et les siens vont s'attacher à confirmer cette volonté.

J.-R. Couliou: «La seule voie c'est l'adaptation au marché»

Y a-t-il une identité pêche en Cornouaille?
Une grande partie de l'activité pêche en Cornouaille est un héritage qui remonte à la période sardinière, quand les industriels de la conserverie ont décidé de développer les ports. Le marché guidait alors l'économie. Cela a disparu au lendemain de la Seconde Guerre. On a ensuite construit un système reposant sur les pêcheurs. Pour employer les marins, le système s'est dirigé vers le chalutage. Il n'y avait pas le choix. Aujourd'hui, il n'y a plus ce dynamisme démographique et les villes sont de moins en moins dépendantes de la pêche. On nous parle d'identité et on fête toujours la sardine, la langoustine, pas le chalutage qui a porté l'activité récente.

Peut-on reconquérir des marchés?
On a cru que, parce que l'on produisait du poisson, on pouvait s'imposer à la filière. Or, la seule voie c'est l'adaptation au marché, comme le font, par exemple, les bolincheurs. Aujourd'hui, on constate que la production locale compte pour une part minime de la demande nationale. Le marché ne peut donc se satisfaire que par l'importation. Un des éléments inquiétants est aussi le vieillissement des consommateurs de poissons frais qui intéressent d'abord la Cornouaille. Le marché pourrait finalement décrocher comme vient de le faire le marché espagnol avec la crise.

La Cornouaille peut-elle se passer de la pêche?
L'économie cornouaillaise est de plus en plus banalisée et le poids de la pêche sans doute surévalué. Moralement, un pêcheur vaut autant qu'un employé dans un chantier de plaisance. Il reste que la pêche est toujours une activité motrice, à l'origine de flux financiers importants. On ne peut pas faire sans en Cornouaille. Le chalutage doit continuer car la pêche côtière sera en concurrence avec d'autres activités économiques. Il faut sauver ce qui peut l'être.

Le Télégramme 27 mars 2010

Filière pêche. L'Etat d'urgence en Cornouaille


En Cornouaille, un marin induit 4,3 emplois à terre. C'est un chiffre clé de l'étude 2009 du comité de bassin d'emploi sur l'impact des plans de sortie de flotte de l'Europe. Si Bruxelles serrait encore la vis, la Cornouaille serait face à un effet de seuil. C'est donc l'état d'urgence.

2006, 2008 et 2009: trois plans de sortie de flotte mis en place par l'Europe pour «tenter de mettre fin à la surcapacité de pêche de l'Union». Sur les 503 navires français détruits, 62 dépendaient de la flottille cornouaillaise.

L'Europe a versé 17M€ pour sortir 62 bateaux

Comment l'économie d'ici a-t-elle été impactée par ces plans? Une toute récente étude du comité de bassin d'emploi (CBE) de Cornouaille apporte de précieux indicateurs notamment sur le Plan de sortie de flotte 2009. Un PSF 2009 dont le CBE a suivi les marins et les bateaux d'avril à décembre derniers. «Si une partie des entreprises était dans une situation financière difficile (...) un certain nombre d'armateurs ont pu profiter des financements pour renouveler partiellement leur flottille (...)». C'est un aspect «positif» pour les ports concernés car ceci «permet de maintenir de l'emploi et du débarquement avec des outils mieux adaptés», dit le CBE. CBE qui note qu'«une partie des candidats au PSF 2009 était proche de l'âge de la retraite, et pour ces armateurs, s'ils n'étaient pas en difficultés financières, le PSF a représenté un capital non négligeable pour la retraite». L'étude révèle ainsi que l'enveloppe de ce PSF 2009 était de 8,2M€ pour 32 navires, soit une moyenne de 250.000€ par bateau. Les sommes allouées aux armateurs allant de 127.000€ à 690.000€. Depuis 2006, l'Europe a ainsi versé plus de 17M€ pour «sortir» 62 bateaux d'ici. Mais cette grosse enveloppe ne doit pas masquer l'impact de ces casses de bateaux.

23,5M€ perdus

En effet, le CBE compte que 62navires en moins sur les trois derniers PSF, c'est 23,5M€ de chiffre d'affaires perdus. Une manne financière qui ne se réinjecte plus dans l'économie cornouaillaise. Et côté emploi, ces restructurations pèsent aussi: sur le PSF 2009, le CBE indique que ce n'est pas l'emploi direct des 78 marins concernés qui est le plus touché, 86% d'entreeux ont retrouvé un emploi sur un autre bateau. C'est l'emploi indirect qui en pâtit le plus avec notamment un plan de départs volontaires de 24personnes à la CCI de Quimper. Plus globalement, des ports qui se vident sont des emplois et des familles qui partent pouvant effilocher le tissu socio-économique local (commerces, écoles...). Pour bien saisir l'enjeu, le CBE calcule qu'aujourd'hui «15% des emplois se trouvent dans le secteur de la pêche à Audierne, 22% à Douarnenez, 33% à Saint-Guénolé-Penmarc'h et à Concarneau, 44% à Loctudy. Au Guilvinec, c'est même plus d'emplois que la population active résidente».

Le Pays bigouden Sud se réunit en Assises

Côté intercommunalités, c'est le Pays bigouden Sud (CCPBS) qui est le plus exposé par cette évolution de la pêche puisque la moitié des 943 entreprises halieutiques cornouaillaises y est implantée et que son territoire abrite les ports du plus gros quartier maritime de France: Le Guilvinec. Les élus se penchent d'ailleurs sur le dossier ce matin à Penmarc'h lors d'Assises dédiées à la pêche. «Pour fixer un cap commun de travail», dit Jean-Paul Stanzel, président. Et l'état d'urgence vaut pour toute la Cornouaille car les 2.244marins recensés en 2009 y induisent 11.851 emplois dans les criées, chez les transformateurs, mareyeurs, transporteurs, restaurateurs, grandes surfaces... Oui, un marin en mer, c'est 4,3emplois à terre. L'avenir de la pêche et celui de l'économie cornouaillaise sont donc très liés.

Éviter l'effet de seuil

Les élus comme les acteurs de la filière et les responsables économiques l'ont compris en signant, en 2009, le Pacte territorial pour une pêche durable. Il sera vital de rester mobilisé car le CBE tire la sonnette d'alarme: en cas de nouvelles restructurations européennes, «il peut exister un effet de seuil qui conduise à la disparition totale ou partielle d'un secteur de la filière ou d'un des ports cornouaillais». Après Lesconil, l'étude le rappelle, Loctudy navigue en eaux dangereuses.

Le Télégramme 27 mars 2010

Le préfet au Guilvinec pour parler emploi

Un an après la signature - difficile - du pacte pour une pêche durable en Cornouaille, le préfet Pacal Mailhos était, hier soir, au Guilvinec pour évoquer la situation de l'emploi dans la filière pêche. Pourtant, l'assemblée d'une cinquantaine de personnes était aussi décidée à évoquer d'autres sujets. «Où on va caréner nos bateaux, maintenant que c'est interdit?» «Le clapage des boues des ports, quelle est votre position?». Autant de questions posées par les pêcheurs, jugées hors sujet par un préfet venu parler d'emploi. «On fera d'autres réunions pour ça, mais là, on parle d'emploi.Dans le pacte, c'est à l'État que revenait le volet emploi. Il y a eu un engagement fort dans ce sens, car sans hommes et femmes, il n'y aura pas d'avenir pour la filière», très durement impactée par les plans de sortie de flotte, a expliqué le préfet. Le comité de bassin d'emploi du pays Bigouden, Douarnenez et du Cap-Sizun a ainsi dressé un tableau, dans le cadre d'une gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC), «une démarche novatrice». Ainsi, trois objectifs ont été fixés pour les années à venir. «Fidéliser les salariés, par le biais de la valorisation des acquis et de l'expérience», qui concerne par exemple une centaine de marins embarqués, «attirer des jeunes vers un métier en déficit d'image, grâce à l'apprentissage», et «assurer la transmission fluide des entreprises de pêche». Sur ce dernier point, quand la tendance globale est à une reprise effective pour trois entreprises à reprendre, le ratio monte à 1 pour 10 dans la filière pêche. Du côté des actions concrètes, qui viendront étayer ces objectifs, «un observatoire permanent de la filière» va être mis en place. De même, la Cornouaille est désormais éligible aux prêts Oseo. «Mieux recruter», «élever le niveau de formation», deux axes qui seront également poursuivis par l'État, dans le volet emploi du pacte, d'une filière qui compte 12.000 emplois en Cornouaille.

Le Télégramme 27 mars 2010

Compte-rendu des rencontres de l'intercommunalité



Présentation des rencontres et de ses enjeux
par Jean-Paul Stanzel, Président de la CCPBS

Le Pays Bigouden Sud est un territoire attractif. Sa qualité de vie, son patrimoine, ses paysages sauvages et préservés, la beauté de ses côtes et de son arrière pays séduisent chaque année toujours plus de nouvelles populations ; essentiellement des jeunes actifs et des retraités. Le Pays Bigouden est en mutation. Les changements démographiques, l'évolution de la pression foncière, les exigences environnementales, etc. posent des questions quant à l'avenir de notre territoire. L'évolution de l'âge des Bigoudens par exemple nous invite à réfléchir en profondeur à nos politiques en matière d'action sociale, à nos projets pour la jeunesse, aux axes prioritaires de notre développement économique, etc. La pression foncière, le contexte légal (avec la loi littoral notamment), nous incitent à faire des choix en matière d'aménagement de l'espace, de politique de l'habitat, etc.

Jean Paul Stanzel
Président de la CCPBS

> Le Pays Bigouden, terre de pêche

Le destin, la culture du Pays Bigouden sont fortement liés à la pêche. Faut-il le rappeler, le quartier maritime du Guilvinec est le plus important de France. Le quart de la pêche française débarquée l'est dans un port cornouaillais. L'activité économique associée à la filière est encore un des principaux employeurs du Pays Bigouden

Aujourd'hui, si l'on regarde le contexte et que l'on prête attention au discours ambiant, l'avenir de la pêche paraît sombre. Imposition de quotas de pêche, vieillissement des bateaux, crise des vocations, mise en place de plans de sortie de flotte, épuisement de la ressource, etc. la liste des indicateurs ayant viré au rouge s'allonge.

Néanmoins, il n'y a pas de fatalité à cette évolution. Le milieu maritime a fait preuve au cours de son histoire d'une capacité certaine à se serrer les coudes et à forcer le destin. Notre Communauté de communes, bien que n'étant pas le principal acteur dans ce domaine, n'est pas restée inactive face à ce constat. Seule ou avec nos partenaires, nous menons différentes actions pour apporter notre soutien à l'activité de la filière pêche. La zone d'activités à vocation halieutique de Toul Car Bras dans le quartier maritime sort de terre. Sa capacité d'accueil de 58 180 m2, son implantation à proximité des différentes structures liées à la pêche (ports, lycée maritime, station d'épuration), la qualité de son aménagement sont des atouts indéniables pour les investisseurs. Le pôle halieutique s'inscrit dans une exigence de promotion de la compétitivité des entreprises de la filière pêche, en répondant à leurs besoins et en les aidant
à pérenniser leurs activités, en favorisant l'innovation, la qualité et le développement technologique.

Nous avons cofinancé l'élévateur à bateaux du Pays Bigouden. Il s'agit d'un équipement structurant, indispensable à la pérennisation du quartier maritime. Il permettra de lui redonner du souffle et des perspectives. Nous avons cofinancé l'étude du comité de bassin d'emploi de l'ouest Cornouaille sur le suivi du plan de sortie de flotte, que nous restituons aujourd'hui, afin de connaître la situation de notre pêche de façon précise. Nous pourrons ainsi, à l'éclairage de cette étude, prendre des décisions collectives sur l'avenir économique et social de notre territoire.

> Construisons ensemble notre projet de territoire

Nous devons démontrer notre volonté, nous élus du Pays Bigouden, d'être acteurs de notre avenir. C'est tout l'enjeu du projet de territoire que nous allons construire. Les rencontres de l'intercommunalité, un moment d'ouverture, d'échanges, de partage, de création de liens, en sont la première pierre. Ce projet de territoire, la CCPBS souhaite le bâtir avec vous en concertation et sans a priori. Je fais le voeu qu'il soit ambitieux, innovant et qu'il contribue à notre fierté d'être Bigoudens.

2010 : le Pays Bigouden Sud à grands traits

> Démographie : un territoire particulièrement attractif

Le Pays Bigouden Sud a longtemps été un territoire de grande stabilité démographique avec environ 34 200 habitants de 1968 à
1990. Ce trait majeur disparaît dans les années 90. S’installe alors une dynamique de croissance, d’abord modeste (+1,2 % de 1990
à 1999) puis très accélérée (+4,8 % entre 1999 et 2006) qui permettra au Pays Bigouden Sud de gagner 2 000 habitants, en 7 ans,
et de compter 36 200 habitants en 2006.

Ce qui a changé dans les années 90, ce n’est pas le taux de natalité (il est toujours resté négatif malgré quelques progrès) mais le solde migratoire, de plus en plus favorable, alimenté semble-t-il par les jeunes ménages actifs (aux portes de Quimper) et les retraités (plus à l’Ouest).

Ces derniers sont venus accélérer le vieillissement de la population : le nombre de plus de 75 ans a cru de près de 24 %, entre 1999 et 2006, pour représenter 12,5 % de la population. Cela constitue un chiffre important en comparaison au 10 % à l'échelle finistérienne.


Olga Ansellem
Directrice de l'AOCD

> Profil social : des disparités croissantes

La forte attractivité du territoire a modifié le profil social des habitants de façon très rapide. La part des ouvriers et des employés reste
importante (57 % des actifs en 2006) mais elle est en recul au profit des professions intermédiaires et supérieures. Les revenus fiscaux médians des ménages se sont améliorés. En 2002, ils se situaient dans les tranches des catégories les plus modestes du Finistère. Quatre ans plus tard, ils intègrent les catégories médianes et dans certaines communes, les plus élevées du département.

L’accession à la propriété, qui a alimenté le solde migratoire positif du territoire, a attiré des ménages plus riches que les autochtones,
creusant ainsi l’écart entre des catégories plutôt aisées et une partie des habitants modestes, voire fragiles. On observe une hausse importante du nombre de familles monoparentales (+10,8% entre 99 et 2006 contre 5,2% dans le Finistère), un taux d’allocataires CAF
sous le seuil de bas revenu non négligeable (38,7%), un taux de chômage des jeunes supérieur à la moyenne finistérienne.
Dans certaines communes, les indicateurs de précarité sont même au rouge notamment à Penmarc’h, Le Guilvinec et Pont l’Abbé.

> Habitat : un marché en déséquilibre

Le Pays Bigouden Sud est soumis, depuis le début des années 2000, à une hausse croissante des besoins en logements. À l’augmentation du nombre de ménages naturellement alimentée par les décohabitations, s’ajoute la demande des nouveaux arrivants, jeunes actifs, retraités et touristes en résidences secondaires.

Une telle convergence a entraîné une hausse du nombre de logements construits, une augmentation de la consommation foncière
et par voie de conséquence une spéculation foncière et immobilière. Elle a également accru notablement la part des résidences secondaires (31 %).

La surreprésentation du logement individuel (87 % en 2006) comme du statut de propriétaire (80 %) s’ajoutent à la faiblesse de
l’offre locative sociale (5 %) pour rendre difficile l’accès aux logements des ménages de petites tailles, des ménages mobiles en début
de parcours résidentiel et, bien sûr, des ménages modestes qui souhaiteraient se maintenir sur le territoire.

> Activité : un pôle encore important

Un pôle d’emplois relativement diversifié
Le Pays Bigouden Sud est un pôle d’emplois important, fort d’environ 11 500 emplois en 2006 concentrés dans les ports de pêche
et à Pont l’Abbé (services). Le nombre d’emplois s’est accru de près de 10 % entre 1999 et 2006, en particulier, dans les secteurs des
services et du commerce.

Les entreprises artisanales de petite taille fondent très largement l’activité du Pays Bigouden Sud où l’on trouve peu de grands employeurs. Ces entreprises sont nombreuses (751 en 2009), ce qui donne une densité pour 10 000 habitants élevée (207), très nettement supérieure à la moyenne bretonne (152) ou cornouaillaise (191). Cependant, en 2009, le dynamisme de créations, non négligeable avec 59 entreprises, n’atteint pas le rythme de radiation (70 entreprises) alors que s’ouvre une période de fragilité alimentée, par les nombreux départs en retraite attendus et l’arrivée d’auto-entrepreneurs à l’avenir incertain.

La tendance est au retrait dans les secteurs primaires traditionnels. La pêche, cependant, reste un secteur essentiel qui occupait encore quelque 270 entreprises, en 2008. L’agriculture, par ailleurs, est parvenue à stabiliser son emprise foncière (-1% de la surface agricole utile entre 2000 et 2008) malgré le fort recul du nombre de sièges d’exploitation (79 en 2008, contre 140 en 2000).

Dans un tel contexte, le poids économique du tourisme n’est pas négligeable. Le Pays Bigouden Sud dispose d’atouts réels en offre de loisirs (centres d’interprétation, musées, centres nautiques, etc.), en patrimoine naturel (plage, randonnées, etc.) et en offre d’hébergement pour assurer son développement. Cependant, si le taux de fonction touristique (rapport entre la population permanente et le nombre de touristes accueillis) est important comparé à l’ensemble du Finistère (147 contre 52,6) il doit se lire avec prudence car il cache, au moins, deux indicateurs inquiétants : le poids croissant de l’hébergement non marchand (les résidences secondaires) et la
disparition de lits marchands essentiels à l’activité économique (-13% entre 2005 et 2009).

En matière de commerce, le Pays Bigouden Sud n’a pas échappé aux tendances générales de croissance du nombre de grandes surfaces (+14 % de m², entre 2006 et 2008, pour les plus de 300 m²). En 2008, la densité commerciale y est supérieure à la moyenne cornouaillaise et finistérienne pour les grandes surfaces généralistes et, tout particulièrement, les supermarchés (310 m² pour 1000 habitants contre 210 en Cornouaille). Si Pont l’Abbé semble garder son attractivité commerciale, les magasins de détail se maintiennent difficilement dans les petites communes.

Malgré les difficultés, le Pays Bigouden Sud reste un pôle d’activités important qui parvient à occuper, sur place, les deux tiers de ses actifs. L’influence quimpéroise n’est pas négligeable car 20 % des actifs occupés ont leur emploi dans le périmètre de Quimper communauté. Cependant, cette influence reste encore restreinte comparée à celle qui s’exerce sur le Haut Pays Bigouden entré, en quasi-totalité, dans l’aire d’attraction du pôle quimpérois.

En savoir : télécharger le diaporama de l'intervention d'Olga Ansellem.

Portrait de la pêche bigoudène

Plus encore que les autres Communautés de communes de Cornouaille, celle du Pays Bigouden Sud présente une vocation maritime affirmée et une forte dépendance au secteur de la pêche notamment au travers de ses quatre ports de pêche : Le Guilvinec, Saint-Guénolé-Penmarc'h, Loctudy et Lesconil. Le nombre d’entreprises de pêche et de marins, les multiples activités qui y sont liées (mécanique, électronique, construction navale, avitaillement, mareyage, agro-alimentaire, logistique, etc.) sont largement supérieures au reste de la Cornouaille. La moitié des entreprises cornouaillaises de la filière pêche est située dans le Pays Bigouden Sud. Un emploi embarqué en Cornouaille génère 4,3 emplois induits sur terre.

> Le quartier maritime du Guilvinec

Le quartier maritime du Guilvinec totalise près de 900 marins pêcheurs, plus de 250 navires immatriculés, 34 000 tonnes de produits
débarqués représentant un chiffre d’affaires de plus de 94 millions d’euros.


Guy Le Berre
Chargé de mission au Comité de bassin d'emploi

> La flottille
La flottille du quartier maritime du Guilvinec connaît une érosion continue depuis l'après guerre. Elle a quasiment été divisée par quatre depuis 1945.

Années 1945 1955 1965 1975 1985 1995 2005 2008 2009
Nombre de navires 959 784 740 610 536 407 302 274 255

Au 31 décembre 2009, le quartier maritime du Guilvinec comptait 255 navires dont : 98 au Guilvinec, 74 à Saint-Guénolé, 63 à Loctudy, 14 à Lesconil (6 à Bénodet). La moyenne d’âge des navires est de 24 ans. Elle est plus âgée que la moyenne européenne.

Nombre de navires par type de pêche au 30 décembre 2009
Genre de navigation Guilvinec Lesconil Bénodet St-Guénolé Loctudy Total navires
Petite pêche 34 12 6 46 36 134
Pêche côtière 20 2 0 7 7 36
Pêche au large 44 0 0 21 20 85
Navires 98 14 6 74 63 255

> Les marins
Le nombre de marins au Guilvinec ne cesse de diminuer. De 3 501 marins en 1945, il est passé à 897. Ce qui représente une diminution des 3/4 de l’effectif. Le nombre de marins a diminué conformément à la baisse du nombre d’unités depuis 1995 (-35,7% de l’effectif). La tendance s'accélère. En effet, en 3 ans, de 2005 à 2008, la perte est déjà de 15,4 %. L’âge moyen du marin cornouaillais est 43,7 ans contre 40,6 pour la moyenne française.

Nombre de marins par type de pêche au 30 décembre 2009
Genre de navigation Guilvinec Lesconil Bénodet St-Guénolé Loctudy Total marins
Petite pêche 62 23 6 113 47 251
Pêche côtière 75 6 0 27 28 136
Pêche au large 270 0 0 128 112 510
Marins embarqués 407 29 6 268 187 897

Au 31 décembre 2009, le quartier maritime du Guilvinec comptait 897 marins dont : 407 au Guilvinec, 268 à Saint-Guénolé, 187 à Loctudy, 29 à Lesconil, 6 à Bénodet Malgré la perte importante de navires hauturiers lors des plans de sortie de flotte, les marins à la pêche au large restent encore majoritaires.

Etude sur le suivi du plan de sortie de flotte

Le Plan de Sortie de Flotte s’inscrit dans le cadre de l’axe 1 du Fonds Européen pour la Pêche (FEP), "Mesures en faveur de l’adaptation de la flotte de pêche communautaire" et plus précisément de l’article 23. Dans ses derniers rapports la Commission a conclu que, bien que la capacité de pêche européenne diminue globalement, cette baisse est trop lente (en moyenne de 2 à 3 %, selon la Commission, au cours des 15 dernières années) pour exercer une influence perceptible sur la pression de la pêche. Il est par ailleurs estimé que les progrès technologiques se situent à quelque 2 à 4 % par an, ce qui annule dans la pratique la réduction nominale.

> Les trois derniers plans de sorties de flotte en France

Navires détruits dans le cadre du plan de sortie de flotte
2006 2008 2009 Total
88 160 255 503

Quartier d'origine des navires des trois derniers plans de flotte
Quartier maritime 3 PSF
Quartier maritime 3 PSF
Quartier maritime 3 PSF
Le Guilvinec 55
Bordeaux 16
Dunkerque 5
Saint Nazaire 40
Port-Vendres 16
Nantes 4
Bayonne 38
Auray 12
Saint Malo 4
Les Sables d'Olonne 34
Vannes 11
Morlaix 3
Sète 34
Dieppe 10
Paimpol 3
Caen 31
Saint-Brieuc 10
Fécamp 2
La Rochelle 24
Marseille 9
Le Havre 2
Cherbourg 22
Martigues 9
Nice 2
Boulogne 21
Concarneau 7
Brest 1
Lorient 20
Iles d'Oléron 7
Total 503
Arcachon 19
Noirmoutier 7
Marennes 19
Ile d'Yeu 6

> Chiffres clés des trois derniers plans de sorties de flotte en Cornouaille
Les trois derniers plans de sorties de flotte, y compris la dernière liste du 9 décembre dernier concernant 10 navires cornouaillais, ont entrainé la disparition de 62 navires : 9 en 2006, 21 en 2008, 32 en 2009 (22 de 2009 + 10 de 2010). C’est essentiellement le quartier maritime du Guilvinec qui est touché avec 55 navires (88,7 %), les 7 navires restants étant inscrits à Concarneau. Les quartiers de Douarnenez et Audierne n’ont pas été concernés par ces plans de sortie de flotte.

  • Moyenne d’âge des navires bigoudens du PSF 2009 : 27 ans
  • Kilowatts : 5 231 Kws soit 8,2 % pour 7 % des navires.
  • Marins concerné par le PSF : 6 % de l’effectif du quartier maritime du Guilvinec.

> Le suivi des salariés

Le plan de sortie de flotte a touché 56 marins sur les 18 navires bigoudens concernés.

Situation des marins à l'issue du plan de sortie de flotte
Embarqué en Cornouaille 41
En activité - Commerce 2
Sous-total 43


Retraite, cessation anticipée d'activité et maladie 8
Recherche embarquement et allocation complémentaire de ressources 5
Total 56

Paradoxalement le nombre de marins "disponibles sur le marché" suite au Plan de Sortie de Flotte n’a pas été suffisant pour combler les attentes de certains armements qui s’attendaient à voir postuler un nombre important de marins qualifiés, ce qui les aurait aidé à résorber les difficultés de recrutement qu’ils connaissent.

Toutefois, la réduction des effectifs, en lien avec la diminution de la flottille, est inéluctable. Si nous pouvons imaginer que la soixantaine de marins des 10 unités de pêche hauturière qui sortiront en 2010 seront encore en situation de retrouver un emploi à la pêche, qu’en sera-t-il si de nouvelles sorties de flotte étaient programmées.

L’emploi indirect, ou induit, est lui plus fortement touché : Plan de départs volontaires portant sur 24 personnes à la CCI, diminution des effectifs dans certaines entreprises travaillant pour la filière.

Rencontres. Les enjeux de la pêche bigoudène

Samedi, la communauté de communes du Pays bigouden Sud invite les 250 conseillers municipaux du territoire aux premières Rencontres de l'intercommunalité. Une table ronde entre élus pour dresser un portrait du territoire etévoquer la question de la pêche bigoudène, après trois plans de sortie de flotte successifs. Unimpact économique analysé par le comité de bassin d'emploi de l'Ouest-Cornouaille qui livrera ses conclusions à cette occasion.

Qu'est-ce qui vous conduit àvous pencher sur la pêche?
C'est l'évidence. La pêche estnotre principale source d'activité économique. Même si la filière est chahutée, il s'agit toujoursd'un secteur économiquetrès fort qui réunit 900marins. Sachant que pour un emploi en mer il faut compter près de 4,5emplois à terre: derrière la pêche, il y a toute une filière.

De quelle manière la communauté de communes peut-elle agir?
Même si la communauté de communes ne peut pas être un acteur principal, on ne veut pas être spectateur. Si on ôte la pêche de notre compétence économique, on supprime le principal. Alors, il faut qu'on encourage la profession et qu'on la soutienne. C'est ce que nous avons d'ores et déjà fait en participant au financement du nouvel élévateur du port du Guilvinec (170.000 EUR), en créant la zone d'activité halieutique à Treffiagat ou en travaillant à la mise en place d'une plate-forme logistique.

Vous avez donc confiance en l'avenir.
Cette phase de diagnostic doit déboucher sur des actions à travers un projet de territoire, un pacte communautaire et, éventuellement, de nouvelles compétences nous permettant d'avancer... On ne peut pas voir le territoire seulement sous l'angle des déchets et de l'eau. Je fais assez confiance aux professionnels de la pêche pour aller plus loin dans la valorisation des produits de la pêche. Il y a un énorme chantier à mener. Mais compte tenu de l'engagement de la filière pour une pêche durable, on peut être raisonnablement confiant. Il y a de la place pour une pêche chez nous.

le Télégramme - 23 mars 2010

mardi 23 février 2010

Le Guilvinec. L'élévateur relève les métiers















L'arrivée du nouvel élévateur du port du Guilvinec, qui termine sa phase de tests, est ressentie comme une véritable bouffée d'air pour l'interprofession des ports, qui voit se profiler un retour des chantiers d'entretien et de maintenance.


Sur la rive de Léchiagat, une impressionnante araignée bleue impose sa carcasse métallique. Tous gyrophares allumés, alarmes de recul ou de charge résonnant à tout va, le nouvel élévateur à bateaux termine sa phase de tests. À ses côtés, vieux de trente ans, épuisé d'avoir travaillé deux fois plus longtemps que prévu, l'ancien outil paraît chétif. Il en a pourtant rendu des services, mais essoufflé d'avoir sorti des eaux atlantiques tant de chalutiers bigoudens, il ne pouvait plus soulever que 200 tonnes. De quoi hisser un côtier. Mais plus assez de force pour porter jusqu'au slipway les chalutiers hauturiers. «Il se posait un problème de sécurité, explique Frédéric Besançon, de l'interprofession des ports bigoudens. Un hauturier qui a fait le plein de carburant ça pèse 250 t. Quand il y avait un pépin à la sortie du port, il n'avait pas moyen de faire demi-tour et devait aller à Douarnenez ou Concarneau. Et puis l'ancien élévateur, au niveau de la structure, donnait pas mal de signes de fatigue». L'arrivée du nouvel élévateur, 350 t de charge utile, est donc vue d'un oeil plus que bienveillant par l'interprofession, qui représente une vingtaine d'entreprises, 250 emplois du Pays bigouden à Douarnenez, «pour tout ce qui gravite autour de la pêche, de la chaudronnerie à la peinture, en passant par l'électricité».

Attirer de nouveaux navires

«Le nouvel élévateur, ça ne peut être que bénéfique, poursuit Frédéric Besançon. Jusqu'ici, les grosses unités ne pouvaient pas venir. Elles allaient à Concarneau, à Douarnenez ou à Lorient. Et ça peut aussi attirer des étrangers, car les Irlandais viennent parfois caréner en Bretagne». Après une baisse d'activité, «c'est vrai que pendant les travaux, il n'y a pas eu beaucoup de mouvements de bateaux», l'interprofession sent désormais que «l'activité a tendance à repartir. On va avoir du travail en plus. Et puis la nouvelle darse, les nouveaux aménagements, c'est forcément positif». Un des éléments essentiels pour que Le Guilvinec attire de nouveaux navires - au moment où Saint-Brieuc et Saint-Malo se dotent d'équipements similaires - tient à la disposition même des lieux. «Ici, il y a une chance énorme, estime Dominique Mao, patron d'une entreprise de peinture à Treffiagat et président de l'interprofession. Toutes les entreprises sont autour du port. Pour un client, les frais de déplacement c'est zéro. Il y a tout sous la main».

Soulever les vedettes

Reste le contexte pour le moins compliqué de la filière pêche. «Les plans de sortie de flotte ont fait énormément de mal», reconnaît Dominique Mao. Et l'interprofession, pour son volet pêche ne se consacre plus qu'à l'entretien. «On sait pas où on va aujourd'hui. Il y a dix ans, on avait un certain planning, régulier. Tous les corps de métiers sont touchés». Le neuf, lui, concerne désormais surtout les vedettes à passagers. «On a la chance qu'elles soient construites ici, et que certains chantiers aient des carnets de commandes remplis». La chance, aussi d'avoir un nouvel élévateur «qui pourra soulever les vedettes». Et continuer à soutenir, à bout de bras, l'activité de l'interprofession.

LE TÉLÉGRAMME - 23 février 2010

mercredi 17 février 2010

À la Saint-Valentin, Penmarc'h manie l'humour


Dans un communiqué, le bureau municipal de Penmarc'h souhaite exprimer avec humour, son sentiment sur le comportement d'un amoureux transi... «Pour honorer la signature de la charte Ville amie des enfants le 10février, les enfants de l'accueil loisirs de Penmarc'h avaient choisi d'orner les ronds-points de fleurs gigantesques joliment confectionnées». «Chemin faisant, un citoyen avisé, voyant s'approcher la Saint-Valentin, s'autorisa à les cueillir sur le rond-point de Saint-Pierre, confectionnant à peu de frais un bouquet de fleurs éternelles. Ces jolies fleurs naïves et colorées avaient été offertes aux Penmarc'hais pour adoucir ce rude hiver et mettre un peu de couleurs dans la ville avant l'arrivée du printemps». «Nul doute que ce bouquet cueilli nuitamment éclairera l'intérieur de ce citoyen indélicat. Puisse-t-il, en l'admirant, comprendre que le plus grand des bonheurs passe par le respect de ce cadeau des enfants. Merci aux enfants pour leur délicate initiative et bonne Saint-Valentin à la destinataire de ce joli bouquet».

mardi 16 février 2010

ARMEMENT LA HOULE - RECONSTRUCTION DE L'ANTEUS


le chalutier "Antaeus" de l’armement La Houle subi actuellement une reconstruction complète au chantier Timolor de Lorient. La modification de la carène devrait amener des économies de gazole importantes. L’armement bénéficie maintenant d’une flotte homogène et rajeunie de 11 chalutiers pour 70 à 80 marins.

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LYCÉE MARITIME - Certification AFAQ ISO 9001


Lycée maritime du Guilvinec : 2010 tambour battant L'an dernier, le lycée maritime du Guilvinec a obtenu la certification AFAQ ISO 9001 pour l'ensemble des activités mises en oeuvre pour la formation. Pour 2010, enseignants et encadrants gardent le cap des projets pédagogiques à caractère professionnel (PPCP). Ils ont ainsi programmé plusieurs rencontres entre les jeunes et le monde du travail: une table ronde entre navigateurs, skippers... et élèves le 18mars sur «Le métier de skipper de plaisance professionnelle»; une journée dédiée au «Métier de mécanicien marine embarqué» le 8avril avec des ateliers de mécanique, des motoristes... ; une journée portes ouvertes le samedi 27mars; une journée sécurité en mer le jeudi 6mai; la 23e édition du défi des ports de pêche au Grau du Roi et Port Camargue du 10 au 16mai. Tous renseignements au 02.98.58.96.00.

mercredi 10 février 2010

Douarnenez - Procédure de licenciement chez Quenet marée

Début janvier, Quenet marée transférait son activité de mareyage de Douarnenez à Concarneau. Cette entreprise a été rachetée, il y a trois ans, par l'un des leaders français du mareyage.

«Le groupe gagne de l'argent, mais ce serait une erreur de gestion que de continuer à en perdre sur ce site», indiquait, Sendil Selva, directeur général de GS Invest, basé en Gironde.

Pas de salaire en janvier

Aujourd'hui, quatre des onze salariés refusent toujours ce départ. «Nous sommes à notre poste, à Douarnenez, à la disposition de l'employeur», rappelle Gérard Castrec, porte-parole des salariés. Lundi, il s'est rendu avec MarcHébert, secrétaire de l'union départementale Forceouvrière, au «tribunal d'instance de Quimper pour demander, par voie judiciaire, la mise en place de délégués du personnel», mais «l'audience a été reportée au8mars, à la demande de l'avocate de GS Invest». Une autre procédure est également en cours auprès des prud'hommes pour réclamer le versement des salaires de janvier. «L'audience devrait avoir lieu sous deux semaines», indique FO.


En fin de semaine dernière, les quatre salariés ont reçu
«un courrier les convoquant à un entretien préalable à licenciement pour faute grave». Hier, le syndicat FO a écrit à la direction pour demander que ces entretiens se déroulent à Douarnenez, sur le lieu de travail des salariés, et non à Concarneau.

Le Telegramme -10 février 2010

Élévateur à bateaux. Essais de charge validés









Les derniers tests ont été effectués hier sur le nouvel élévateur à bateaux du Guilvinec- Léchiagat. Il devrait entrer en service dans quelques semaines.



4
37 tonnes de charge. Hier, le nouvel élévateur à bateaux du port du Guilvinec-Léchiagat a fait l'objet des derniers essais de charge. Réalisés par l'Apave, ces tests, débutés la veille, vont permettre de valider l'installation du nouveau moyen de levage du port. Sa charge pourra atteindre 350 tonnes en fonctionnement. La mise en service devra malgré tout attendre quelques semaines. Le temps pour la chambre de commerce et d'industrie de former son personnel.


Terre-plein: seconde phase de travaux

Mais avant de fonctionner à plein, les nouveaux moyens de carénage du port bigouden vont devoir attendre encore quelques mois. Le temps pour les entreprises de réaliser la seconde tranche du terre-plein. Des travaux qui doivent à la fois permettre à ce terre-plein de supporter cette nouvelle charge et de recueillir les eaux de carénage pour les traiter. Huit à dix bateaux pourront, à terme, y stationner. À terme, les nouvelles installations seront aussi capables de récupérer 15.0000 m² d'eau et de les traiter. Une partie de cette eau pourra alors être réutilisée pour le carénage des bateaux. Coût total de l'investissement: 5M€, dont 2M€ pour l'élévateur, 1,6M€ pour la mise aux normes et 1,3M€ pour la construction de la darse.

Le Telegramme -10 février 2010

lundi 4 janvier 2010

SAINT-GUÉNOLÉ - Transformation d'un chalutier


Pour la deuxième fois, les Bigoudens du port de Saint-Guénolé ont été sollicités par l'armement Béganton de Roscoff, pour effectuer la transformation en crabier d'un chalutier vieux de 30 ans.

Le Noguette, ancien chalutier concarnois a été sorti de l'eau, mardi matin, pour rejoindre le chantier naval de Saint-Guénolé. Il y retournera dans six mois, sous sa nouvelle identité: le «Evan-Emma», pour pêcher le crabe. Ce bateau remplacera le «Laëticia-Anthony», basé à Roscoff. C'est une équipe technique regroupant des professionnels bigoudens qui mènera la transformation, sous la maîtrise d'oeuvre des ateliers Diougan. Au total, ce sont 17.000heures de travail que se partageront les différents intervenants.

Seconde commande de l'armement Béganton

Il s'agit du second beau coup de chalut pour les partenaires de cette nouvelle opération de transformation d'un bateau bien avancé en âge, en jeune et fringant outil de pêche spécialisé dans la pêche au crabe. C'est aussi la seconde commande de l'armement Béganton de Roscoff en partenariat avec David Bury, le patron du navire. En effet, il y a quelques mois, c'est le vénérable chalutier «Cèdre Bleu» qui ouvrait la voie de ce type de chantier sur le port de Saint-Guénolé. Lorsqu'il a retrouvé son élément, il s'appelait le «Notre-Dame de Kerezinen» et il débarque actuellement sa pêche à Loctudy. «Un premier bateau qui répond aux attentes du commanditaire, au niveau confort de pêche; il est équipé d'une nouvelle génération de moteur associé à un groupe électrogène, apportant une solution efficace au souci d'économie d'énergie», commente Etienne Diougan.

Une vitrine pour le savoir-faire local

Construit en 1980, le Noguette recevra le même traitement que son prédécesseur. Mardi matin, il a fait admirer sa coque, manipulée avec précaution, comme un fétu de paille par deux grues de 250 tonnes, alors qu'il pèse 124 tonnes pour 24 mètres de longueur (il était allégé de ses moteurs et de son lest). Quand il retournera à l'eau dans sixmois. Il aura alors repris environ 25 tonnes. Étienne Diougan et ses partenaires ne sont pas mécontents de la vitrine qui leur est offerte, avec ce nouveau chantier. D'une part, parce que ce sont 17.000heures de travail qui échoient au port de Saint-Guénolé, mais surtout il s'agit de mettre en avant un savoir-faire qui pourrait se développer et devenir une activité pérenne.


Le Telegramme - 30 décembre 2009

lundi 7 décembre 2009

L'EUROPE DE LA PECHE - Vidéo


Le 28 novembre dernier le magasine "AVENUE DE L’EUROPE" consacrait son émission à la pêche en Europe. Reportages en Norvège, en Haute-Normandie et en Sicile.

Voir la vidéo

mardi 1 décembre 2009

Conserverie Océane Alimentaire


Des poissons frais jusqu'aux têtes d'encornet, la conserverie traditionnelle «Océane alimentaire» valorise la pêche cornouaillaise depuis dix ans. Et espère que les acteurs de la filière retrouveront la fierté de travailler ensemble.

«Une entreprise bien ancrée dans le territoire», qui s'appuiera sur des produits locaux, quand les conserveries industrielles ne travaillent plus depuis des lustres les poissons pêchés en Bretagne: c'était l'idée qui animait Marie Quéffelec et son conjoint, Gilles LeGuen, lorsque le couple s'est lancé, en 1999, dans l'aventure «Océane alimentaire». Dix ans plus tard, installés sur le port de Saint-Guénolé, dans une partie des anciens bâtiments de Saupiquet et Cassegrain, ils prouvent qu'il y avait une place pour leur conserverie artisanale.

«Les co-produits marins une valeur ajoutée»

«Océane alimentaire» emploie aujourd'hui 15 personnes, pour un chiffre d'affaires de 1,3M€. 40% de la vente est faite directement en magasin et 60% dans le réseau des commerces bios de l'Hexagone. Cette petite production s'appuie sur des valeurs fortes: faire des conserves «comme à la maison», en ne travaillant que du poisson frais, agrémenté d'ingrédients bio. «Nous dépendons de l'arrivage. Nous achetons notre poisson sous criée le matin puis nous emboîtons très rapidement», explique Marie Quéffelec. Ce qui confère à «Océane alimentaire» une sorte de statut de mareyeur, et un poste privilégié pour observer les soubresauts de la pêche. Rien n'échappe au regard aiguisé de Marie Quéffelec, fille et petite fille de marins. Elle a notamment suivi l'éclosion des co-produits marins, huile chargée en omega 3 et autres chondroïtine (poudre extraite des carcasses de raies ou de lottes). «C'est quelque chose qui peut apporter une valeur ajoutée. Mais la filière pêche ne va pas être sauvée par les co-produits. Ça pourrait même être dangereux, si ça devenait une pêche ciblée. Manquerait plus qu'on pêche la sardine pour l'extraction de son huile!».

«Il y a toujours cette envie d'aller en mer»

Elle extrapole: «Je trouve qu'aujourd'hui, dès qu'une pêcherie marche, on en attend trop. Tout le monde ?bourre dedans ?». C'est à travers ce défaut que transparaît, selon elle, le principal handicap de la pêche Cornouaillaise. «Il manque ce sentiment d'appartenir à une histoire. Des décisions sont prises sans penser à la filière dans son ensemble. On n'a pas un souci suffisant de l'intérêt général. Il y a une somme d'intérêts particuliers, une bagarre de ports et, au sein même de chaque port, la bagarre à laquelle se livrent les flottilles, les pêcheries... À la place, il faudrait de la solidarité mais aussi de la vérité, car tout le monde n'est pas malheureux à la pêche». À l'écouter, la mort d'Alain Furic a laissé un grand vide. «S'il y avait moins d'individualisme, on pourrait trouver des solutions. Il y a toujours cette envie d'aller en mer, et de beaux produits, comme la langoustine petite vivante, la sardine, le thon germon... C'est une addition de petites solutions qui va sauver la pêche. Il faut que tout le monde, y compris les poissonniers, mette en avant les produits de chez nous, et pas seulement saumons et crevettes. Il faut que chaque pêcherie se respecte et fasse correctement son travail. La pêche de qualité a des atouts pour bien vivre».

  • Thierry Charpentier - Le Telegramme - 1/12/09

Saint-Guénolé. Fin de travaux officielle

La fin des travaux a été officiellement célébrée sous les bourrasques, hier, au port de Saint-Guénolé. L'occasion, pour les nombreux élus présents, de réaffirmer leur soutien à la filière pêche.

«Je remercie le conseil général pour son implication, les travaux se sont déroulés de façon très satisfaisante. Il y a eu peu de problèmes avec la population. En tout cas, ça montre bien l'intérêt que vous portez à la pêche. Nous, ici, à Penmarc'h, on ne vivrait pas sans».

Deux années de travaux

Jacqueline Lazard, maire de la commune, a ainsi tenu à saluer le conseil général, porteur de ce projet de 8,5M€, et qui est venu donner un sacré coup de jeunes aux installations portuaires. Deux années ont été nécessaires pour construire un nouveau terre-plein, avec un quai hauturier de 158m de long, et dérocter le chenal afin de sécuriser l'accès au port. Dans un contexte difficile, cet engagement du conseil général a été une fois de plus souligné, hier. «Il faut un temps comme ça pour comprendre l'intérêt d'un port abrité», a d'abord souri Pierre Maille, président du conseil général, après avoir bravé les éléments pour faire le tour des réalisations. «Je suis convaincu qu'on a bien fait de faire cette opération. C'est un investissement dans la durée qui va permettre de maintenir l'activité». Si l'action publique est une chose, «la pêche ne se sauvera pas seulement par ses infrastructures. Personne ne se sauvera si les autres disparaissent. C'est pour ça qu'on travaille sur la filière toute entière». Un appel à l'unité et à la solidarité repris un peu plus tard par Jean-Yves Le Drian, président de la Région. L'élu socialiste s'est félicité en constatant que «la mer revient à l'ordre du jour, c'est bien». Une satisfaction cependant accompagnée d'un avertissement: «Il ne faut pas passer par-dessus bord l'essentiel, c'est-à-dire la pêche».

Un système d'aide aux jeunes

Sujet brûlant dans les ports de Cornouaille, le renouvellement de la flotte a été défendu vigoureusement par Jean-Yves LeDrian. «Si on ne renouvelle pas, il n'y a pas d'avenir pour la filière. La politique de la casse n'est pas celle que nous souhaitons». Le président de Région en a profité pour annoncer la mise en place prévue d'un système qui puisse accompagner les jeunes qui, aujourd'hui, ne peuvent s'installer faute de financements. «On discute depuis un an avec la filière bancaire bretonne. On va bientôt proposer, une fois que Bruxelles aura donné son aval, un système qui permettra de régler le problème des fonds propres». Enfin, dernier à s'exprimer, le préfet, Pascal Mailhos, est revenu sur l'histoire. «Je vois que depuis le XIIesiècle Penmarc'h n'a jamais cessé de s'adapter. Jamais la flamme de la pêche ne s'est éteinte». Le représentant de l'État a ensuite fait le pari qu'elle ne s'éteindra pas à l'avenir. «Pour gagner ce pari, il faudra être unis, dans une filière qui cherche la qualité».

  • Marc Revel - Le Telegramme - 1/12/09