vendredi 9 avril 2010

Compte-rendu des rencontres de l'intercommunalité



Présentation des rencontres et de ses enjeux
par Jean-Paul Stanzel, Président de la CCPBS

Le Pays Bigouden Sud est un territoire attractif. Sa qualité de vie, son patrimoine, ses paysages sauvages et préservés, la beauté de ses côtes et de son arrière pays séduisent chaque année toujours plus de nouvelles populations ; essentiellement des jeunes actifs et des retraités. Le Pays Bigouden est en mutation. Les changements démographiques, l'évolution de la pression foncière, les exigences environnementales, etc. posent des questions quant à l'avenir de notre territoire. L'évolution de l'âge des Bigoudens par exemple nous invite à réfléchir en profondeur à nos politiques en matière d'action sociale, à nos projets pour la jeunesse, aux axes prioritaires de notre développement économique, etc. La pression foncière, le contexte légal (avec la loi littoral notamment), nous incitent à faire des choix en matière d'aménagement de l'espace, de politique de l'habitat, etc.

Jean Paul Stanzel
Président de la CCPBS

> Le Pays Bigouden, terre de pêche

Le destin, la culture du Pays Bigouden sont fortement liés à la pêche. Faut-il le rappeler, le quartier maritime du Guilvinec est le plus important de France. Le quart de la pêche française débarquée l'est dans un port cornouaillais. L'activité économique associée à la filière est encore un des principaux employeurs du Pays Bigouden

Aujourd'hui, si l'on regarde le contexte et que l'on prête attention au discours ambiant, l'avenir de la pêche paraît sombre. Imposition de quotas de pêche, vieillissement des bateaux, crise des vocations, mise en place de plans de sortie de flotte, épuisement de la ressource, etc. la liste des indicateurs ayant viré au rouge s'allonge.

Néanmoins, il n'y a pas de fatalité à cette évolution. Le milieu maritime a fait preuve au cours de son histoire d'une capacité certaine à se serrer les coudes et à forcer le destin. Notre Communauté de communes, bien que n'étant pas le principal acteur dans ce domaine, n'est pas restée inactive face à ce constat. Seule ou avec nos partenaires, nous menons différentes actions pour apporter notre soutien à l'activité de la filière pêche. La zone d'activités à vocation halieutique de Toul Car Bras dans le quartier maritime sort de terre. Sa capacité d'accueil de 58 180 m2, son implantation à proximité des différentes structures liées à la pêche (ports, lycée maritime, station d'épuration), la qualité de son aménagement sont des atouts indéniables pour les investisseurs. Le pôle halieutique s'inscrit dans une exigence de promotion de la compétitivité des entreprises de la filière pêche, en répondant à leurs besoins et en les aidant
à pérenniser leurs activités, en favorisant l'innovation, la qualité et le développement technologique.

Nous avons cofinancé l'élévateur à bateaux du Pays Bigouden. Il s'agit d'un équipement structurant, indispensable à la pérennisation du quartier maritime. Il permettra de lui redonner du souffle et des perspectives. Nous avons cofinancé l'étude du comité de bassin d'emploi de l'ouest Cornouaille sur le suivi du plan de sortie de flotte, que nous restituons aujourd'hui, afin de connaître la situation de notre pêche de façon précise. Nous pourrons ainsi, à l'éclairage de cette étude, prendre des décisions collectives sur l'avenir économique et social de notre territoire.

> Construisons ensemble notre projet de territoire

Nous devons démontrer notre volonté, nous élus du Pays Bigouden, d'être acteurs de notre avenir. C'est tout l'enjeu du projet de territoire que nous allons construire. Les rencontres de l'intercommunalité, un moment d'ouverture, d'échanges, de partage, de création de liens, en sont la première pierre. Ce projet de territoire, la CCPBS souhaite le bâtir avec vous en concertation et sans a priori. Je fais le voeu qu'il soit ambitieux, innovant et qu'il contribue à notre fierté d'être Bigoudens.

2010 : le Pays Bigouden Sud à grands traits

> Démographie : un territoire particulièrement attractif

Le Pays Bigouden Sud a longtemps été un territoire de grande stabilité démographique avec environ 34 200 habitants de 1968 à
1990. Ce trait majeur disparaît dans les années 90. S’installe alors une dynamique de croissance, d’abord modeste (+1,2 % de 1990
à 1999) puis très accélérée (+4,8 % entre 1999 et 2006) qui permettra au Pays Bigouden Sud de gagner 2 000 habitants, en 7 ans,
et de compter 36 200 habitants en 2006.

Ce qui a changé dans les années 90, ce n’est pas le taux de natalité (il est toujours resté négatif malgré quelques progrès) mais le solde migratoire, de plus en plus favorable, alimenté semble-t-il par les jeunes ménages actifs (aux portes de Quimper) et les retraités (plus à l’Ouest).

Ces derniers sont venus accélérer le vieillissement de la population : le nombre de plus de 75 ans a cru de près de 24 %, entre 1999 et 2006, pour représenter 12,5 % de la population. Cela constitue un chiffre important en comparaison au 10 % à l'échelle finistérienne.


Olga Ansellem
Directrice de l'AOCD

> Profil social : des disparités croissantes

La forte attractivité du territoire a modifié le profil social des habitants de façon très rapide. La part des ouvriers et des employés reste
importante (57 % des actifs en 2006) mais elle est en recul au profit des professions intermédiaires et supérieures. Les revenus fiscaux médians des ménages se sont améliorés. En 2002, ils se situaient dans les tranches des catégories les plus modestes du Finistère. Quatre ans plus tard, ils intègrent les catégories médianes et dans certaines communes, les plus élevées du département.

L’accession à la propriété, qui a alimenté le solde migratoire positif du territoire, a attiré des ménages plus riches que les autochtones,
creusant ainsi l’écart entre des catégories plutôt aisées et une partie des habitants modestes, voire fragiles. On observe une hausse importante du nombre de familles monoparentales (+10,8% entre 99 et 2006 contre 5,2% dans le Finistère), un taux d’allocataires CAF
sous le seuil de bas revenu non négligeable (38,7%), un taux de chômage des jeunes supérieur à la moyenne finistérienne.
Dans certaines communes, les indicateurs de précarité sont même au rouge notamment à Penmarc’h, Le Guilvinec et Pont l’Abbé.

> Habitat : un marché en déséquilibre

Le Pays Bigouden Sud est soumis, depuis le début des années 2000, à une hausse croissante des besoins en logements. À l’augmentation du nombre de ménages naturellement alimentée par les décohabitations, s’ajoute la demande des nouveaux arrivants, jeunes actifs, retraités et touristes en résidences secondaires.

Une telle convergence a entraîné une hausse du nombre de logements construits, une augmentation de la consommation foncière
et par voie de conséquence une spéculation foncière et immobilière. Elle a également accru notablement la part des résidences secondaires (31 %).

La surreprésentation du logement individuel (87 % en 2006) comme du statut de propriétaire (80 %) s’ajoutent à la faiblesse de
l’offre locative sociale (5 %) pour rendre difficile l’accès aux logements des ménages de petites tailles, des ménages mobiles en début
de parcours résidentiel et, bien sûr, des ménages modestes qui souhaiteraient se maintenir sur le territoire.

> Activité : un pôle encore important

Un pôle d’emplois relativement diversifié
Le Pays Bigouden Sud est un pôle d’emplois important, fort d’environ 11 500 emplois en 2006 concentrés dans les ports de pêche
et à Pont l’Abbé (services). Le nombre d’emplois s’est accru de près de 10 % entre 1999 et 2006, en particulier, dans les secteurs des
services et du commerce.

Les entreprises artisanales de petite taille fondent très largement l’activité du Pays Bigouden Sud où l’on trouve peu de grands employeurs. Ces entreprises sont nombreuses (751 en 2009), ce qui donne une densité pour 10 000 habitants élevée (207), très nettement supérieure à la moyenne bretonne (152) ou cornouaillaise (191). Cependant, en 2009, le dynamisme de créations, non négligeable avec 59 entreprises, n’atteint pas le rythme de radiation (70 entreprises) alors que s’ouvre une période de fragilité alimentée, par les nombreux départs en retraite attendus et l’arrivée d’auto-entrepreneurs à l’avenir incertain.

La tendance est au retrait dans les secteurs primaires traditionnels. La pêche, cependant, reste un secteur essentiel qui occupait encore quelque 270 entreprises, en 2008. L’agriculture, par ailleurs, est parvenue à stabiliser son emprise foncière (-1% de la surface agricole utile entre 2000 et 2008) malgré le fort recul du nombre de sièges d’exploitation (79 en 2008, contre 140 en 2000).

Dans un tel contexte, le poids économique du tourisme n’est pas négligeable. Le Pays Bigouden Sud dispose d’atouts réels en offre de loisirs (centres d’interprétation, musées, centres nautiques, etc.), en patrimoine naturel (plage, randonnées, etc.) et en offre d’hébergement pour assurer son développement. Cependant, si le taux de fonction touristique (rapport entre la population permanente et le nombre de touristes accueillis) est important comparé à l’ensemble du Finistère (147 contre 52,6) il doit se lire avec prudence car il cache, au moins, deux indicateurs inquiétants : le poids croissant de l’hébergement non marchand (les résidences secondaires) et la
disparition de lits marchands essentiels à l’activité économique (-13% entre 2005 et 2009).

En matière de commerce, le Pays Bigouden Sud n’a pas échappé aux tendances générales de croissance du nombre de grandes surfaces (+14 % de m², entre 2006 et 2008, pour les plus de 300 m²). En 2008, la densité commerciale y est supérieure à la moyenne cornouaillaise et finistérienne pour les grandes surfaces généralistes et, tout particulièrement, les supermarchés (310 m² pour 1000 habitants contre 210 en Cornouaille). Si Pont l’Abbé semble garder son attractivité commerciale, les magasins de détail se maintiennent difficilement dans les petites communes.

Malgré les difficultés, le Pays Bigouden Sud reste un pôle d’activités important qui parvient à occuper, sur place, les deux tiers de ses actifs. L’influence quimpéroise n’est pas négligeable car 20 % des actifs occupés ont leur emploi dans le périmètre de Quimper communauté. Cependant, cette influence reste encore restreinte comparée à celle qui s’exerce sur le Haut Pays Bigouden entré, en quasi-totalité, dans l’aire d’attraction du pôle quimpérois.

En savoir : télécharger le diaporama de l'intervention d'Olga Ansellem.

Portrait de la pêche bigoudène

Plus encore que les autres Communautés de communes de Cornouaille, celle du Pays Bigouden Sud présente une vocation maritime affirmée et une forte dépendance au secteur de la pêche notamment au travers de ses quatre ports de pêche : Le Guilvinec, Saint-Guénolé-Penmarc'h, Loctudy et Lesconil. Le nombre d’entreprises de pêche et de marins, les multiples activités qui y sont liées (mécanique, électronique, construction navale, avitaillement, mareyage, agro-alimentaire, logistique, etc.) sont largement supérieures au reste de la Cornouaille. La moitié des entreprises cornouaillaises de la filière pêche est située dans le Pays Bigouden Sud. Un emploi embarqué en Cornouaille génère 4,3 emplois induits sur terre.

> Le quartier maritime du Guilvinec

Le quartier maritime du Guilvinec totalise près de 900 marins pêcheurs, plus de 250 navires immatriculés, 34 000 tonnes de produits
débarqués représentant un chiffre d’affaires de plus de 94 millions d’euros.


Guy Le Berre
Chargé de mission au Comité de bassin d'emploi

> La flottille
La flottille du quartier maritime du Guilvinec connaît une érosion continue depuis l'après guerre. Elle a quasiment été divisée par quatre depuis 1945.

Années 1945 1955 1965 1975 1985 1995 2005 2008 2009
Nombre de navires 959 784 740 610 536 407 302 274 255

Au 31 décembre 2009, le quartier maritime du Guilvinec comptait 255 navires dont : 98 au Guilvinec, 74 à Saint-Guénolé, 63 à Loctudy, 14 à Lesconil (6 à Bénodet). La moyenne d’âge des navires est de 24 ans. Elle est plus âgée que la moyenne européenne.

Nombre de navires par type de pêche au 30 décembre 2009
Genre de navigation Guilvinec Lesconil Bénodet St-Guénolé Loctudy Total navires
Petite pêche 34 12 6 46 36 134
Pêche côtière 20 2 0 7 7 36
Pêche au large 44 0 0 21 20 85
Navires 98 14 6 74 63 255

> Les marins
Le nombre de marins au Guilvinec ne cesse de diminuer. De 3 501 marins en 1945, il est passé à 897. Ce qui représente une diminution des 3/4 de l’effectif. Le nombre de marins a diminué conformément à la baisse du nombre d’unités depuis 1995 (-35,7% de l’effectif). La tendance s'accélère. En effet, en 3 ans, de 2005 à 2008, la perte est déjà de 15,4 %. L’âge moyen du marin cornouaillais est 43,7 ans contre 40,6 pour la moyenne française.

Nombre de marins par type de pêche au 30 décembre 2009
Genre de navigation Guilvinec Lesconil Bénodet St-Guénolé Loctudy Total marins
Petite pêche 62 23 6 113 47 251
Pêche côtière 75 6 0 27 28 136
Pêche au large 270 0 0 128 112 510
Marins embarqués 407 29 6 268 187 897

Au 31 décembre 2009, le quartier maritime du Guilvinec comptait 897 marins dont : 407 au Guilvinec, 268 à Saint-Guénolé, 187 à Loctudy, 29 à Lesconil, 6 à Bénodet Malgré la perte importante de navires hauturiers lors des plans de sortie de flotte, les marins à la pêche au large restent encore majoritaires.

Etude sur le suivi du plan de sortie de flotte

Le Plan de Sortie de Flotte s’inscrit dans le cadre de l’axe 1 du Fonds Européen pour la Pêche (FEP), "Mesures en faveur de l’adaptation de la flotte de pêche communautaire" et plus précisément de l’article 23. Dans ses derniers rapports la Commission a conclu que, bien que la capacité de pêche européenne diminue globalement, cette baisse est trop lente (en moyenne de 2 à 3 %, selon la Commission, au cours des 15 dernières années) pour exercer une influence perceptible sur la pression de la pêche. Il est par ailleurs estimé que les progrès technologiques se situent à quelque 2 à 4 % par an, ce qui annule dans la pratique la réduction nominale.

> Les trois derniers plans de sorties de flotte en France

Navires détruits dans le cadre du plan de sortie de flotte
2006 2008 2009 Total
88 160 255 503

Quartier d'origine des navires des trois derniers plans de flotte
Quartier maritime 3 PSF
Quartier maritime 3 PSF
Quartier maritime 3 PSF
Le Guilvinec 55
Bordeaux 16
Dunkerque 5
Saint Nazaire 40
Port-Vendres 16
Nantes 4
Bayonne 38
Auray 12
Saint Malo 4
Les Sables d'Olonne 34
Vannes 11
Morlaix 3
Sète 34
Dieppe 10
Paimpol 3
Caen 31
Saint-Brieuc 10
Fécamp 2
La Rochelle 24
Marseille 9
Le Havre 2
Cherbourg 22
Martigues 9
Nice 2
Boulogne 21
Concarneau 7
Brest 1
Lorient 20
Iles d'Oléron 7
Total 503
Arcachon 19
Noirmoutier 7
Marennes 19
Ile d'Yeu 6

> Chiffres clés des trois derniers plans de sorties de flotte en Cornouaille
Les trois derniers plans de sorties de flotte, y compris la dernière liste du 9 décembre dernier concernant 10 navires cornouaillais, ont entrainé la disparition de 62 navires : 9 en 2006, 21 en 2008, 32 en 2009 (22 de 2009 + 10 de 2010). C’est essentiellement le quartier maritime du Guilvinec qui est touché avec 55 navires (88,7 %), les 7 navires restants étant inscrits à Concarneau. Les quartiers de Douarnenez et Audierne n’ont pas été concernés par ces plans de sortie de flotte.

  • Moyenne d’âge des navires bigoudens du PSF 2009 : 27 ans
  • Kilowatts : 5 231 Kws soit 8,2 % pour 7 % des navires.
  • Marins concerné par le PSF : 6 % de l’effectif du quartier maritime du Guilvinec.

> Le suivi des salariés

Le plan de sortie de flotte a touché 56 marins sur les 18 navires bigoudens concernés.

Situation des marins à l'issue du plan de sortie de flotte
Embarqué en Cornouaille 41
En activité - Commerce 2
Sous-total 43


Retraite, cessation anticipée d'activité et maladie 8
Recherche embarquement et allocation complémentaire de ressources 5
Total 56

Paradoxalement le nombre de marins "disponibles sur le marché" suite au Plan de Sortie de Flotte n’a pas été suffisant pour combler les attentes de certains armements qui s’attendaient à voir postuler un nombre important de marins qualifiés, ce qui les aurait aidé à résorber les difficultés de recrutement qu’ils connaissent.

Toutefois, la réduction des effectifs, en lien avec la diminution de la flottille, est inéluctable. Si nous pouvons imaginer que la soixantaine de marins des 10 unités de pêche hauturière qui sortiront en 2010 seront encore en situation de retrouver un emploi à la pêche, qu’en sera-t-il si de nouvelles sorties de flotte étaient programmées.

L’emploi indirect, ou induit, est lui plus fortement touché : Plan de départs volontaires portant sur 24 personnes à la CCI, diminution des effectifs dans certaines entreprises travaillant pour la filière.

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