mardi 1 décembre 2009

Conserverie Océane Alimentaire


Des poissons frais jusqu'aux têtes d'encornet, la conserverie traditionnelle «Océane alimentaire» valorise la pêche cornouaillaise depuis dix ans. Et espère que les acteurs de la filière retrouveront la fierté de travailler ensemble.

«Une entreprise bien ancrée dans le territoire», qui s'appuiera sur des produits locaux, quand les conserveries industrielles ne travaillent plus depuis des lustres les poissons pêchés en Bretagne: c'était l'idée qui animait Marie Quéffelec et son conjoint, Gilles LeGuen, lorsque le couple s'est lancé, en 1999, dans l'aventure «Océane alimentaire». Dix ans plus tard, installés sur le port de Saint-Guénolé, dans une partie des anciens bâtiments de Saupiquet et Cassegrain, ils prouvent qu'il y avait une place pour leur conserverie artisanale.

«Les co-produits marins une valeur ajoutée»

«Océane alimentaire» emploie aujourd'hui 15 personnes, pour un chiffre d'affaires de 1,3M€. 40% de la vente est faite directement en magasin et 60% dans le réseau des commerces bios de l'Hexagone. Cette petite production s'appuie sur des valeurs fortes: faire des conserves «comme à la maison», en ne travaillant que du poisson frais, agrémenté d'ingrédients bio. «Nous dépendons de l'arrivage. Nous achetons notre poisson sous criée le matin puis nous emboîtons très rapidement», explique Marie Quéffelec. Ce qui confère à «Océane alimentaire» une sorte de statut de mareyeur, et un poste privilégié pour observer les soubresauts de la pêche. Rien n'échappe au regard aiguisé de Marie Quéffelec, fille et petite fille de marins. Elle a notamment suivi l'éclosion des co-produits marins, huile chargée en omega 3 et autres chondroïtine (poudre extraite des carcasses de raies ou de lottes). «C'est quelque chose qui peut apporter une valeur ajoutée. Mais la filière pêche ne va pas être sauvée par les co-produits. Ça pourrait même être dangereux, si ça devenait une pêche ciblée. Manquerait plus qu'on pêche la sardine pour l'extraction de son huile!».

«Il y a toujours cette envie d'aller en mer»

Elle extrapole: «Je trouve qu'aujourd'hui, dès qu'une pêcherie marche, on en attend trop. Tout le monde ?bourre dedans ?». C'est à travers ce défaut que transparaît, selon elle, le principal handicap de la pêche Cornouaillaise. «Il manque ce sentiment d'appartenir à une histoire. Des décisions sont prises sans penser à la filière dans son ensemble. On n'a pas un souci suffisant de l'intérêt général. Il y a une somme d'intérêts particuliers, une bagarre de ports et, au sein même de chaque port, la bagarre à laquelle se livrent les flottilles, les pêcheries... À la place, il faudrait de la solidarité mais aussi de la vérité, car tout le monde n'est pas malheureux à la pêche». À l'écouter, la mort d'Alain Furic a laissé un grand vide. «S'il y avait moins d'individualisme, on pourrait trouver des solutions. Il y a toujours cette envie d'aller en mer, et de beaux produits, comme la langoustine petite vivante, la sardine, le thon germon... C'est une addition de petites solutions qui va sauver la pêche. Il faut que tout le monde, y compris les poissonniers, mette en avant les produits de chez nous, et pas seulement saumons et crevettes. Il faut que chaque pêcherie se respecte et fasse correctement son travail. La pêche de qualité a des atouts pour bien vivre».

  • Thierry Charpentier - Le Telegramme - 1/12/09

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