jeudi 9 décembre 2010

Ils décrochent le CAP après des années de métier























mareyeurs de Loctudy formés sur le tas ont obtenu leur diplôme. Une façon de valoriser le métier, mais aussi de renforcer la filière.
Stéphane Le Cloarec a 40 ans. Mareyeur depuis 1994, il travaille à la pêcherie des Brisants à Loctudy. Comme la plupart de ses collègues, il est « entré à la marée » sans diplôme. Depuis une quinzaine de jours pourtant, il est titulaire d'un certificat d'aptitude professionnelle (CAP), qu'il a obtenu non pas en retournant à l'école mais via une procédure de validation des acquis de l'expérience (VAE).

« Valoriser mon travail »

Décrocher un diplôme pour un métier qu'on pratique et qu'on connaît déjà, à quoi ça sert ? « C'est une façon de valoriser mon travail, explique Stéphane Le Cloarec, de faire reconnaître une activité très technique qui demande des savoir-faire. » S'il estime être employé à un niveau inférieur à ses compétences, un salarié diplômé peut aussi briguer un poste plus élevé en cas de changement d'entreprise et de nouveau contrat de travail.

Sur les 17 ouvriers employés par la pêcherie des Brisants, une dizaine n'a pas de diplôme et six ont suivi la procédure de VAE sur leur temps de travail. « La VAE leur permet de comprendre pas mal de choses sur leur travail, son organisation et sa finalité, se félicite le patron, Gwendal Olivier, qui y voit d'autres intérêts : Le diplôme permet de valoriser l'entreprise et le métier. C'est important pour attirer la main-d'oeuvre dont nous allons avoir besoin dans les années à venir, avec les départs en retraite et l'usure au travail. »

Trois autres sociétés sur les rangs

C'est bien dans le double intérêt des salariés et de la filière que le comité de bassin d'emploi ouest-Cornouaille a lancé sa campagne de VAE. En 2008, l'État lui commande une étude sur le mareyage. « Nous avons alors constaté que beaucoup d'employés n'avaient pas de diplôme, car ils apprennent dans l'entreprise », témoigne Guy Le Berre, chargé de mission pour le comité.

Après l'expérience de Loctudy, trois autres sociétés de mareyage doivent lancer leurs procédures de VAE. « Nous visons à faire diplômer une centaine de salariés en cinq ans », expose Guy Le Berre. Sur le secteur ouest-Cornouaille, on compte une cinquantaine d'entreprises de mareyage et environ 600 employés qui pourraient, à terme, être amenés à faire valider leurs acquis.

En plus de la VAE, consolider le secteur impliquerait de former les jeunes dès le lycée. « Or, il n'existe pas de telle formation ici », souligne Guy Le Berre. La lacune pourrait être bientôt comblée : un groupe de travail a pour mission d'imaginer comment une telle formation pourrait voir le jour au lycée maritime du Guilvinec. « Cet établissement est un outil formidable, sourit Guy Le Berre. Ce serait bête de s'en priver. »

Julien LEMAIGNEN. Ouest-France - 09/12/2010

2 commentaires:

Françoise Gaudel a dit…

un immense bravo à chacun! C'est une très belle action, qui a vu le jour grâce à l'enthousiasme de professionnels proches des métiers!
De telles initiatives méritent qu'on leur tire notre chapeau!

Anonyme a dit…

tres interessant, merci