« Les pêcheurs ne doivent pas complexer sur leur rémunération. Ils travaillent dur, prennent des risques et sont bien payés. Où est le problème ? » L'interrogation d'Albert Billon fait suite aux conclusions de l'enquête sur la pêche, réalisée dans le quartier maritime du Guilvinec.
Fraîchement réalisée par Guy Le Berre, chargé de mission au Comité de bassin d'emploi, cette étude commandée par la Direction du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle, chiffre des phénomènes non encore rigoureusement quantifiés : évolution de l'emploi, niveau des rémunérations, fuite des jeunes...
Moyenne d'âge : 45 ans
Premier constat : le métier reste rémunérateur « eu égard aux qualifications. Pour un niveau de CAP, les salaires moyens oscillent entre 2 500 € et 3 000 € mensuels. Cette vérité doit devenir un slogan, d'autant que la communication sur les salaires négatifs pendant la crise du gasoil a fait du tort à l'image du métier », relate Albert Billon, animateur territorial à la Direction départementale du travail.
L'intérêt de lever le tabou ? Rendre le métier attractif car il souffre d'un déficit structurel de 140 jeunes de moins de 30 ans. « La moyenne d'âge est de 45 ans. Il faut que les jeunes reviennent pour réguler la pyramide ».
Autre condition indispensable à la survie du métier : fidéliser une main-d'oeuvre trop mobile, qui écourte sa carrière. Cela passe par la révision de la politique salariale de certaines entreprises car l'étude le confirme : « le salaire est le meilleur agent recruteur ».
Salaires plus bas au large
Cette préconisation s'adresse davantage aux hauturiers où les salaires, plus bas qu'à la pêche côtière, induisent des difficultés de recrutement et une fuite des marins vers la pêche côtière, moins contraignante.
La question est d'autant plus importante que la pêche hauturière reste le plus grand pourvoyeur de main-d'oeuvre. Avec 34 % des navires, elle concentre 58 % des marins.
La fidélisation de la main-d'oeuvre passe aussi par l'élévation du niveau de formation, compromise par les difficultés à trouver des remplaçants. La direction du travail propose « le repos biologique qui libérerait du temps pour les formations. Nous proposons que les aides européennes aillent à la rémunération des marins en formation ».
Un nouveau poste
Et pour mieux recruter, accueillir, accompagner les nouveaux marins, organiser leur découverte du métier et les fidéliser, « un poste d'interface sera créé au sein de la fédération des comités locaux des pêches », annonce Albert Billon.
Auteur de l'étude, Guy Le Berre se dit « confiant dans la capacité des professionnels à trouver les bonnes clés pour passer le cap. Il y a une vraie prise de conscience sur la nécessité de préserver la ressource et les marins ont montré leur capacité à s'adapter ».
Pour Albert Billon, les plans de casse doivent cesser, et la profession doit gagner en crédibilité. Gestion de la ressource, repos biologique, bateaux économes, valorisation des produits sont autant de facteurs incontournables pour que « les pouvoirs publics et la profession tirent dans le même sens ».
Corinne ARGENTINI. Ouest- France - 1er avril 2009
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