C'est oui. Le préfet a autorisé hier le dragage des ports de Lesconil et de Loctudy. Il valide aussi le clapage des boues en mer au grand dam du comité local des pêches, qui, sans surprise, va contester l'arrêté devant le tribunal.
La décision du préfet était attendue. C'est «oui». Oui au dragage des ports de Lesconil et de Loctudy. Oui aussi au clapage des boues en mer. Pour autant, cette décision ne marque pas la fin d'un long feuilleton. Bien au contraire. Car sans surprise, le comité local des pêches du Guilvinec, avec le soutien du comité régional des pêches, va contester la décision devant le tribunal administratif.
«Une excellente nouvelle»
Le 18novembre dernier, le commissaire-enquêteur avait émis un avis favorable avec une réserve et trois recommandations. Le 21avril le Conseil de l'environnement des risques sanitaires et technologiques (Coderst) avait lui aussi rendu un avis favorable à l'opération. Sans surprise le préfet a donc suivi l'avis du Coderst. «C'est une étape supplémentaire qui est franchie», constate Michaël Quernez, vice-président du conseil général et en charge du dossier. «Une étape qui fait suite à deux étapes importantes elles aussi». Joël Piété, maire de Loctudy, l'un des deux ports concernés, est plus démonstratif: «C'est une excellente nouvelle.Depuis le temps qu'on l'attendait». Le 8juin, les élus de Plobannalec-Lesconil avaient quant à eux élevé l'opération au rang d'«opération d'intérêt général». Satisfaction aussi du côté des plaisanciers, qui avait appelé de leur voeu une telle opération. «L'avis favorable était fortement attendu», note Serge Chénedé, président de l'Association des plaisanciers de Loctudy (APLOC). Un président d'association qui reste néanmoins mesuré. «Le dossier court encore, il y a une lueur d'espoir» mais «le comité local des pêches va saisir le tribunal».
Recours administratif et référé en vue
Ce qu'a confirmé hier Robert Bouguéon, son président. «On va de suite au tribunal administratif». Si Robert Bouguéon n'est pas surpris par l'avis rendu, il n'en demeure pas moins «un peudéçu». Déçu de ne pas avoir été entendu. Déçu de voir que le pacte pour la pêche est mis à mal. «Je suis sûr qu'il y a eu une pression politique», assure-t-il considérant s'être fait «rouler dans la farine». Le comité local des pêches du Guilvinec nedevrait pas être le seul à ester en justice. On le sait (Le Télégramme du 13juin), le comité régional des pêches maritimes (CRPM) a décidé de l'«accompagner» dans sa démarche. Quant aux associations de défense de l'environnement dont France nature environnement, elles devraient elles aussi mettre de dossier sur le terrain juridique. Qualifiant ce dossier «d'exemplaire à l'échelle nationale», Michaël Quernez a détaillé le calendrier. Les travaux devraient pouvoir débuter en septembre2012 et devraient être terminés en juin2013. Dans l'absolu. Car il sait qu'il existe «un risque de contentieux» qui pourrait mettre à mal ce calendrier. «Le recours ne sera pas suspensif mais une procédure de référé peut être intentée en parallèle pour demander l'arrêt des travaux». C'est désormais sur le terrain juridique que l'avenir du pays va se jouer.
18 juin 2011 - Le Télégramme - Stéphane Guihéneuf