mardi 21 juin 2011

Clapage en mer. Le préfet autorise l'opération

C'est oui. Le préfet a autorisé hier le dragage des ports de Lesconil et de Loctudy. Il valide aussi le clapage des boues en mer au grand dam du comité local des pêches, qui, sans surprise, va contester l'arrêté devant le tribunal.

La décision du préfet était attendue. C'est «oui». Oui au dragage des ports de Lesconil et de Loctudy. Oui aussi au clapage des boues en mer. Pour autant, cette décision ne marque pas la fin d'un long feuilleton. Bien au contraire. Car sans surprise, le comité local des pêches du Guilvinec, avec le soutien du comité régional des pêches, va contester la décision devant le tribunal administratif.

«Une excellente nouvelle»

Le 18novembre dernier, le commissaire-enquêteur avait émis un avis favorable avec une réserve et trois recommandations. Le 21avril le Conseil de l'environnement des risques sanitaires et technologiques (Coderst) avait lui aussi rendu un avis favorable à l'opération. Sans surprise le préfet a donc suivi l'avis du Coderst. «C'est une étape supplémentaire qui est franchie», constate Michaël Quernez, vice-président du conseil général et en charge du dossier. «Une étape qui fait suite à deux étapes importantes elles aussi». Joël Piété, maire de Loctudy, l'un des deux ports concernés, est plus démonstratif: «C'est une excellente nouvelle.Depuis le temps qu'on l'attendait». Le 8juin, les élus de Plobannalec-Lesconil avaient quant à eux élevé l'opération au rang d'«opération d'intérêt général». Satisfaction aussi du côté des plaisanciers, qui avait appelé de leur voeu une telle opération. «L'avis favorable était fortement attendu», note Serge Chénedé, président de l'Association des plaisanciers de Loctudy (APLOC). Un président d'association qui reste néanmoins mesuré. «Le dossier court encore, il y a une lueur d'espoir» mais «le comité local des pêches va saisir le tribunal».

Recours administratif et référé en vue

Ce qu'a confirmé hier Robert Bouguéon, son président. «On va de suite au tribunal administratif». Si Robert Bouguéon n'est pas surpris par l'avis rendu, il n'en demeure pas moins «un peudéçu». Déçu de ne pas avoir été entendu. Déçu de voir que le pacte pour la pêche est mis à mal. «Je suis sûr qu'il y a eu une pression politique», assure-t-il considérant s'être fait «rouler dans la farine». Le comité local des pêches du Guilvinec nedevrait pas être le seul à ester en justice. On le sait (Le Télégramme du 13juin), le comité régional des pêches maritimes (CRPM) a décidé de l'«accompagner» dans sa démarche. Quant aux associations de défense de l'environnement dont France nature environnement, elles devraient elles aussi mettre de dossier sur le terrain juridique. Qualifiant ce dossier «d'exemplaire à l'échelle nationale», Michaël Quernez a détaillé le calendrier. Les travaux devraient pouvoir débuter en septembre2012 et devraient être terminés en juin2013. Dans l'absolu. Car il sait qu'il existe «un risque de contentieux» qui pourrait mettre à mal ce calendrier. «Le recours ne sera pas suspensif mais une procédure de référé peut être intentée en parallèle pour demander l'arrêt des travaux». C'est désormais sur le terrain juridique que l'avenir du pays va se jouer.

18 juin 2011 - Le Télégramme - Stéphane Guihéneuf

lundi 18 avril 2011

Pêche. Face à la pénurie un groupement d'employeurs


Un groupement d'employeurs pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre. Le projet sur lequel travaille le comité de bassin d'emploi Ouest-Cornouaille (CBE) pourrait voir le jour dès 2012.

Le secteur de la pêche manque de main-d'oeuvre. Le constat une nouvelle fois dressé par le comité de bassin d'emploi Ouest-Cornouaille (CBE) a conduit ce dernier à lancer une réflexion sur la création d'un groupement d'employeurs. Un projet qui pourrait démarrer dès 2012. «C'est encore à l'état de réflexion», soulignait vendredi soir, lors de l'assemblée générale du CBE, Guy LeBerre, directeur d'une structure née en 1982 pour «réfléchir, proposer et animer le territoire en matière d'emploi et de formation». À cela s'ajoute la création d'un observatoire de la pêche et de la conchyliculture.

Difficulté de recrutement

La pénurie de main-d'oeuvre dans l'activité pêche- «notamment de main-d'oeuvre qualifiée», précise Guy Le Berre-a été l'élément déclencheur. Ce groupement, qui serait «unique dans le monde de la pêche», poursuit-il permettrait notamment de prendre en compte les difficultés de remplacements des marins lorsque ceux-ci sont en formation, de «ramener des gens vers la pêche» alors qu'ils ont fait le choix du commerce ou du off-shore. Cela permettrait également de recruter des jeunes, «nécessité absolus pour la profession». La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), qui visent à anticiper les besoins des entreprises en matière de personnel, a mis en avant cette difficulté de recrutement. En 2010, la GPEC a concerné sept armements et 49 navires. «La difficulté de recrutement est le principal problème», insiste Guy Le Berre. Une pyramide des âges vieillissante et un problème de qualification des marins ont été mis en avant. Au groupement dont la mise en oeuvre est espérée pour 2012, le CBE y ajoute un autre volet emploi-formation sous la forme d'un observatoire permanent pêche et conchyliculture. «Le travail va commencer», assure Guy Le Berre. Un travail qui, dans un premier temps, va se traduire par un état des lieux avant de réfléchir aux actions à mettre en place.

Validation des acquis

Ces deux actions s'inscrivent dans la droite ligne de celles conduites en 2010 en matière de validation des acquis de l'expérience (VAE). Un dispositif qualifié de «vraie chance pour salariés», par Guy Le Berre qui y voit notamment «une reconnaissance d'un savoir-faire». En 2010, six professionnels qui ont activé ce dispositif (un droit du salarié) ont été reçus au CAP Mareyage après avoir été accompagnés par le CBE. Ils sont quatre à avoir décroché le CQP «employé polyvalent des produits de la mer» par ce dispositif. Une satisfaction pour le CBE qui accompagne huit dossiers maritimes pêche. Une solution jugée complémentaire de la formation continue pour faire face à la problématique des «dérogataires» qui, à la pêche hauturière, touche fortement (17%) le quartier maritime du Guilvinec.

Stéphane Guihéneuf - Le Télégramme 18-04-2011


Article de Ouest-France du 18-04-2011: ici

jeudi 9 décembre 2010

Ils décrochent le CAP après des années de métier























mareyeurs de Loctudy formés sur le tas ont obtenu leur diplôme. Une façon de valoriser le métier, mais aussi de renforcer la filière.
Stéphane Le Cloarec a 40 ans. Mareyeur depuis 1994, il travaille à la pêcherie des Brisants à Loctudy. Comme la plupart de ses collègues, il est « entré à la marée » sans diplôme. Depuis une quinzaine de jours pourtant, il est titulaire d'un certificat d'aptitude professionnelle (CAP), qu'il a obtenu non pas en retournant à l'école mais via une procédure de validation des acquis de l'expérience (VAE).

« Valoriser mon travail »

Décrocher un diplôme pour un métier qu'on pratique et qu'on connaît déjà, à quoi ça sert ? « C'est une façon de valoriser mon travail, explique Stéphane Le Cloarec, de faire reconnaître une activité très technique qui demande des savoir-faire. » S'il estime être employé à un niveau inférieur à ses compétences, un salarié diplômé peut aussi briguer un poste plus élevé en cas de changement d'entreprise et de nouveau contrat de travail.

Sur les 17 ouvriers employés par la pêcherie des Brisants, une dizaine n'a pas de diplôme et six ont suivi la procédure de VAE sur leur temps de travail. « La VAE leur permet de comprendre pas mal de choses sur leur travail, son organisation et sa finalité, se félicite le patron, Gwendal Olivier, qui y voit d'autres intérêts : Le diplôme permet de valoriser l'entreprise et le métier. C'est important pour attirer la main-d'oeuvre dont nous allons avoir besoin dans les années à venir, avec les départs en retraite et l'usure au travail. »

Trois autres sociétés sur les rangs

C'est bien dans le double intérêt des salariés et de la filière que le comité de bassin d'emploi ouest-Cornouaille a lancé sa campagne de VAE. En 2008, l'État lui commande une étude sur le mareyage. « Nous avons alors constaté que beaucoup d'employés n'avaient pas de diplôme, car ils apprennent dans l'entreprise », témoigne Guy Le Berre, chargé de mission pour le comité.

Après l'expérience de Loctudy, trois autres sociétés de mareyage doivent lancer leurs procédures de VAE. « Nous visons à faire diplômer une centaine de salariés en cinq ans », expose Guy Le Berre. Sur le secteur ouest-Cornouaille, on compte une cinquantaine d'entreprises de mareyage et environ 600 employés qui pourraient, à terme, être amenés à faire valider leurs acquis.

En plus de la VAE, consolider le secteur impliquerait de former les jeunes dès le lycée. « Or, il n'existe pas de telle formation ici », souligne Guy Le Berre. La lacune pourrait être bientôt comblée : un groupe de travail a pour mission d'imaginer comment une telle formation pourrait voir le jour au lycée maritime du Guilvinec. « Cet établissement est un outil formidable, sourit Guy Le Berre. Ce serait bête de s'en priver. »

Julien LEMAIGNEN. Ouest-France - 09/12/2010

Pêche. Validation des acquis : la preuve par dix


Lancé il y a un an à Loctudy, le programme de validation des acquis de l'expérience dans le mareyage, porté par le comité de bassin d'emploi, en arrive au stade du premier bilan. Un bilan positif et porteur d'espoir pour la filière.

C'était il y a un peu moins d'un an. Du côté des Brisants, entreprise de mareyage installée dans les locaux de la criée de Loctudy, huit des 21 salariés se lançaient dans l'aventure de la validation des acquis de l'expérience (VAE), soutenus dans la démarche par le comité de bassin d'emploi du Pays bigouden, de Douarnenez et du Cap-Sizun. L'objectif, donner à ces employés du mareyage un diplôme correspondant à leur savoir-faire, niveau CAP pour commencer, à partir d'un simple constat. Une étude sur le mareyage, réalisée en 2007, avait laissé apparaître qu'une grande majorité des employés n'était pas qualifiée et que leur ancienneté au sein des entreprises était en moyenne de quatorze ans, deux fois plus que le reste de la population active.

Pour la pêche aussi

Six de ces huit volontaires viennent de décrocher leur CAP - deux ayant abandonné l'expérience pour diverses raisons. Les candidats, accompagnés pendant 24heures, réparties sur quatre mois, ont dû présenter, dans un dossier et de façon approfondie, leur savoir-faire devant un jury. Quatre autres personnes ont également bénéficié d'un accompagnement qui leur a permis de décrocher un Certificat de qualification professionnelle, sésame qui n'est pas reconnu par l'État mais qui est délivré par la filière mareyage. «C'était important de finir cette première session, explique GuyLeBerre, responsable du CBE. Et on est vraiment satisfait du résultat. Tous les candidats ont eu leur diplôme, il y en a même un qu'on va désormais orienter, toujours dans le cadre de la VAE, vers une licence pro». Sans surprise, le dispositif va donc être reconduit, sur la base d'un volontariat partagé par les entreprises et les salariés. Sept personnes sont d'ores et déjà accompagnées, dans une filière qui souffre mais qui veut se défendre. «La conjoncture est difficile, reconnaît Guy Le Berre, et la pyramide des âges est assez inquiétante, il y a donc besoin de renouvellement de la main-d'oeuvre. Et puis donner les moyens de passer un diplôme, c'est donner les moyens de rebondir». Non content d'accompagner la formation dans le mareyage, le CBE travaille également sur la VAE à la pêche, que ce soit pour les patrons ou les mécaniciens. Une façon d'aider à la reconnaissance d'un savoir-faire.


Marc REVEL - Le Télégramme - 09/12/2010

vendredi 26 novembre 2010

Loctudy. Une nouvelle unité dans le port



Les mareyeurs du port de Loctudy, particulièrement touchés par les plans de sortie de flotte successifs, se sont unis pour acheter un nouveau chalutier, le Hent ar Mor I, et donner un signe positif à l'ensemble de la filière pêche.

Son arrivée n'est pas passée inaperçue. À l'heure où les sceptiques prédisent la mort du port de Loctudy, un nouveau chalutier hauturier vient leur donner tort. Le Hent ar Mor I, 22m de long, bientôt vingt d'âge mais pas un point de rouille, partira pour sa première marée loctudiste dans quelques semaines, direction le sud-Irlande à la quête de la langoustine. Ce chalutier, «un investissement compris entre 600 et 700.000 EUR», qui a navigué en Manche avant de rejoindre Port-Vendres (66), est la nouvelle et première acquisition de l'armement Hent ar Bugale. Un armement créé en mars dernier, et original de par sa naissance.

«Un signe positif»

Il est en effet détenu en majorité par l'association Loctudy Pôle Pêche, qui réunit notamment les fonds du mareyage. «C'est dans la continuité de notre envie de travailler ensemble», explique Serge Guyot, directeur général des Viviers de Loctudy et président de l'association. Une association qui succède «à l'Association de relance de la flottille, créée dans les années 80 avec comme objectif d'aider les jeunes patrons à s'installer. Il restait des fonds, on a décidé d'investir dans un nouveau bateau». En filigrane, la «volonté de maintenir, ou du moins d'aider au développement de la flottille». «Face à l'absence de projet individuel, poursuit Serge Guyot, on a décidé d'agir collectivement. Ce genre d'armement existe aussi au Guilvinec, sous le nom de SCAP». L'histoire du Hent ar Mor I, c'est aussi celle de Loctudy et de la filière. «D'abord, on veut montrer un signe positif. Dire qu'à Loctudy, c'est pas perdu, on ne baisse pas les bras. Il y a ici des gens, notamment dans le mareyage, qui sont dynamiques, très motivés». Reste la problématique d'une filière qui attire de moins en moins de bras. «Il a d'abord fallu constituer un équipage, ce qui n'est pas le plus facile. Mais on l'a trouvé. Il est cohérent, très motivé, avec un patron expérimenté». Et, cerise non négligeable sur le gâteau, «plutôt jeune par rapport à la moyenne du quartier maritime», qui dépasse les 45 ans. «Franchement, c'est une bonne occasion, juge Serge Guyot. Avec les plans de casse successifs, il ne restait pas beaucoup de bateaux sur le marché. C'est bien d'acheter un chalutier, mais s'il coûte plus cher en maintenance et en travaux qu'à l'achat, ça vaut pas le coup. Celui-là, malgré ses vingt ans, il tient la route». Les marées du Hent ar Mor I iront «alimenter le marché. C'est pas une production réservée aux mareyeurs de Loctudy». Rayon de soleil dans la grisaille locale, l'arrivée du Hent ar Mor I ouvre de nouveaux horizons. Avec, l'idée est loin d'être écartée, l'arrivée d'une nouvelle unité.

23 novembre 2010- Le Télégramme


mercredi 24 novembre 2010

VAE Mareyage: Succès pour la première session







Résultats du C.A.P. Mareyage par le Validation des Acquis de l'Expérience pour les 6 candidats accompagnés par le CBE: 6 reçus (Validation complète)

Résultat du CQP employés Polyvalent des Produits de la mer pour les 4 candidats accompagnés par le CBE: 4 reçus (Validation complète)

mercredi 13 octobre 2010

Armement bigouden. Un nouveau Bara en gestation














Dans moins d'un an, si tout va bien, un nouveau chalutier hauturier sera officiellement baptisé au Guilvinec par l'Armement bigouden. Une annonce de construction neuve devenue rare et chère, dans le contexte actuel de la filière.

Ce sera le quinzième. Le quinzième «Bara» baptisé par l'Armement bigouden, au Guilvinec. Le treizième construit pour la société, deux ayant été dans le passé achetés d'occasion. Il n'a pas encore de petit nom - les idées sont d'ailleurs les bienvenues - mais il prendra la mer cinq ans après son sister-chip, le Bara Pemdez II. «On vient de déposer la déclaration de travaux», explique Soizig Le Gall-Palmer, à la tête de l'entreprise, qui emploie aujourd'hui 100 personnes, dont 80 marins. Le «Bara XV», comme l'appelle pour l'instant Soizig Le Gall, sera construit aux chantiers Gléhen de Douarnenez et reprend, dans les grandes lignes, les caractéristiques du Bara Pemdez II construit en 2005: 24,90m de long, 600Kw, et la lotte comme cible. Cependant, il intégrera des modifications liées aux économies d'énergie.

Pas de subventions

«Tout n'est pas encore finalisé, tout n'est pas encore testé, mais on a apporté des améliorations». Par exemple, la carène sera en silicone, et une étude est menée pour l'installation d'un stator, dispositif qui permet de mieux orienter les filets d'eau vers l'hélice, donc d'optimiser la propulsion. Autre innovation, la mise en place d'un système de glace liquide, qui permet d'utiliser directement l'eau de mer, sans passer par la case transformation en eau douce, donc d'économiser au passage encore un peu d'énergie. Si le futur Bara intègre ce souci d'innovation, Soizig Le Gall regrette cependant que la déficience des aides de l'État. «Ce bateau ne recevra aucune subvention. On le construit sur nos fonds propres, et c'est la première fois depuis longtemps. Ce que je trouve dommage, c'est que, si on veut faire des modifications, si on veut trouver des dispositifs qui permettent d'économiser de l'énergie, l'État n'aide pas les bateaux neufs. Ces aides ne peuvent aller que pour des bateaux âgés de plus de cinq ans».

Cours stabilisés

Du coup, alors que l'audace aurait pu prendre le pouvoir, «on ne va pas se lancer dans des dispositifs dont on ne saurait pas l'efficacité exacte, mais qu'on devrait financer nous-mêmes alors que le contexte est déjà difficile, c'est quand même dommage». Côté contexte, le coût d'une unité neuve reflète une certaine tendance. «Je ne vais pas donner de chiffre, mais par rapport au Bara Pemdez II, on est à un petit tiers de plus, pour le même bateau. Certains postes ont beaucoup augmenté, comme celui de la motorisation». Côté contexte toujours, «il semblerait que les bateaux pêchent un peu plus aujourd'hui. C'est lié sans doute aux sorties de flotte, et à la baisse de la pression sur la ressource». Les prix, eux, «semblent se stabiliser». Reste que l'arrivée d'une nouvelle unité, à l'heure où il n'est souvent question que de destruction, est une bonne nouvelle pour la pêche bigoudène.

Marc Revel - Le Télégramme - 11 octobre 2010

lundi 27 septembre 2010

Les ex-Capal refusent de payer l'héritage

Six unités de l'ex-Capal (Loctudy) ont fait une entrée remarquée au Guilvinec, hier, pour protester contre les conditions de rachat des navires, dans le cadre de la liquidation de l'armement.

Il y a un petit moment que des chalutiers n'étaient pas entrés au Guilvinec, en convoi, au son de leur corne de brume, pour manifester leur colère. Sur les coups de 17h hier, quand six unités hauturières de l'ex-Capal se sont présentées les unes après les autres, les touristes encore présents sur le belvédère de la criée ont dû trouver le tableau joliment rose. Pourtant, à bord, l'ambiance était au morose. An Triskell, Damien-Florent, Kelig-Florian, Locléade, Connemara, Damoclès, sans oublier Hunure Gouet, resté bloqué à Loctudy à cause d'un moteur en grève, les rescapés de la Capal sont allés rejoindre le quai flambant neuf des hauturiers. «C'est un symbole, explique Gwen Le Floch, patron du Damoclès. On est les premiers bateaux à venir accoster là, c'est un peu son inauguration. Mais on veut montrer que si c'est pour que les bateaux restent là indéfiniment, il ne sert à rien». Ce qui menace aujourd'hui ces bateaux, c'est l'héritage pour le moins lourd à digérer de l'ancienne Capal, société coopérative d'armement basée à Loctudy pendant trente ans et placée en liquidation en mai2009. À cette époque, 13bateaux constituaient sa flotte. Six ont été cassés depuis, conséquence d'un naufrage provoqué par près de 9M€ de passif.

Des navires viables

«Nous, ce qu'on veut, poursuit Gwen Le Floch, c'est racheter nos bateaux, pas rester en copropriété avec le liquidateur». Car, comme le Damoclès, «acheté il y a 10 ans, en copropriété avec la Capal, détenteur majoritaire avec 60%», ces unités n'appartiennent qu'en partie à leurs patrons, dans des proportions allant de 30 à 80%. «Le problème, c'est qu'on nous demande beaucoup trop d'argent pour ces parts». Dans la ligne de mire des pêcheurs, le Crédit Maritime, accusé d'avoir «laissé filer la gestion de la Capal jusqu'à la liquidation», et de vouloir aujourd'hui «récupérer une partie des dettes sur le dos des bateaux qui continuent à marcher». Car ces navires, même âgés de 20 ans, restent bien entretenus et sont viables.

L'avenir de Loctudy

«Mais on a beaucoup de travaux à faire dessus, explique un patron. Avec ce qu'on nous demande pour racheter les parts, si on l'accepte, dans six mois, on sera obligés de s'arrêter pour de bon». En filigrane, c'est une nouvelle fois la pêche bigoudène qui est menacée. «Ces bateaux, ça représente 5M€ de chiffre d'affaires par an. On ne laisserait pas tomber une entreprise qui aurait ce bilan à terre», déplore Robert Bouguéon, président du Comité Local. «Et puis ce sont 30familles de marins, 100emplois induits peut-être». C'est aussi l'avenir de Loctudy, «parce que ces bateaux représentent un tiers de l'activité, entre 600 et 700t par an. Si onles enlève, on ferme le port». Alors que les patrons-pêcheurs expliquent qu'ils n'ont «pas rencontré le liquidateur depuis un an et demi», une réunion est prévue lundi après-midi au Crédit Maritime à Quimper. Un premier pas, tous l'espèrent, vers une sortie de crise raisonnable et à l'amiable


Marc Revel -Le Télégramme - 25 septembre 2010

mercredi 8 septembre 2010

Affaires Maritimes. Céline Guillou à la barre


Basée à Ajaccio, Céline Guillou souhaitait revenir dans le Finistère et connaître «un gros quartier maritime». Elle est, depuis mercredi, la nouvelle administratrice du quartier du Guilvinec dont les compétences s'étendent désormais aux antennes de Douarnenez et d'Audierne. À 29ans, Céline Guillou, après SciencesPo à Rennes et l'école des Affaires Maritimes, à Bordeaux, a été pendant trois ans en poste à Ajaccio. Elle remplace Xavier Prud'Hon qui a rejoint le pôle quimpérois de la délégation à la mer et au littoral où il est en charge de la police, de la surveillance et du contrôle, dont le contrôle portuaire jusqu'à Saint-Malo

lundi 10 mai 2010

Le Talisman brûle et coule

Après avoir pris feu, le Talisman, chalutier du Guilvinec (29), a sombré hier dans le sud-ouest de Penmarc'h. Les quatre hommes d'équipage ont été récupérés sains et saufs. Le 15avril, le navire avait déjà été victime d'un incendie.

C'est une véritable série noire qui s'est achevée hier, dans le sud-ouest de Penmarc'h. Le Talisman, chalutier immatriculé au Guilvinec, faisait route à 60 milles nautiques (110km) au large quand le patron, Pierrick Berrou, âgé de 46 ans, a lancé, à 8h55, un «may-day» sur les ondes de la VHF. En cause, un début de sinistre, probablement dû à un incendie de gazole. Le Sergagil, autre chalutier du Guilvinec, a relayé cet appel auprès du Cross Corsen qui a, à son tour, alerté le Crossa Etel. Des moyens aéronautiques de la Marine nationale ont aussitôt été déployés. Un hélicoptère Dauphin, médicalisé, et un Caracal, le remplaçant du Super-Frelon avec, à son bord, une équipe d'évaluation et d'intervention composée de marins pompiers du bataillon de Brest, ont décollé de la base de Lanvéoc-Poulmic. Avant que les deux hélicoptères n'arrivent sur zone, les quatre membres d'équipage du Talisman avaient été recueillis sur un chalutier espagnol, le Mariavidal.

Quatre marins sains et saufs

Le médecin embarqué à bord du Dauphin a été déposé sur le Mariavidal, avant que l'équipage du Talisman ne soit hélitreuillé. Sains et saufs, mais choqués, les quatre marins ont été ramenés à terre, sur la base de Lanvéoc. Dans le même temps, les marins pompiers à bord du Caracal n'ont pu que constater l'état d'embrasement du Talisman, réduit à l'état d'épave flottante. Construit en polyester, le chalutier avait commencé à fondre, dans un impressionnant nuage de fumée. Ils ont donc renoncé à toute tentative d'intervention pour le sauver. La vedette SNSM Men Meur du Guilvinec, mise en alerte, n'était finalement pas mobilisée, l'état du Talisman ne laissant aucun espoir quand à un éventuel remorquage.

Incendie le 15avril

Alors que deux autres chalutiers, le Sergagil et le Men ar Groas, également du Guilvinec, restaient auprès de l'épave, le Talisman a fini par sombrer, peu après 15h30, par 140m de fond. Une légère irisation a été observée à la surface. Une enquête a été ouverte par la gendarmerie maritime de Brest afin d'établir les circonstances dans lesquelles cet incendie s'est déclenché. Le Talisman avait quitté Le Guilvinec, jeudi, trois semaines après un premier incendie. Le 15avril, en effet, un sinistre s'était déclaré dans la salle des machines, à 20 milles nautiques dans le sud-ouest de Penmarc'h. L'équipage était intervenu à temps, et le Talisman avait pu être remorqué jusqu'au port du Guilvinec. Le chalutier, construit en 2005 au chantier Martinez de Saint-Cyprien, et qui a connu de nombreux déboires techniques depuis son lancement, avait alors fait l'objet d'une expertise.

Marc Revel - Le Télégramme - 8 mai 2010

La CCI s'attaque à la commercialisation du poisson










Après la restructuration des criées cornouaillaises, la CCI s'attaque à la commercialisation du poisson. Et souhaite soutenir l'activité grâce à des apports extérieurs.

58.000 tonnes débarquées il y a cinq ans sous les criées cornouaillaises, 52.000 l'an dernier. Et une part de poisson blanc passée de 50.000 tonnes à 32.000 durant la même période. «La commercialisation ne peut se faire que si nous avons du poisson sur nos ports», a estimé, hier, Jean-François Garrec, président de la CCI.

Apports extérieurs

Il a annoncé la création d'une «cellule de commercialisation» avec les acheteurs et les vendeurs à l'issue d'une réunion de la commission «Cornouaille, port de pêche», «extrêmement positive, calme et sereine». «Si on n'apporte pas du produit, toute la filière risque de s'effondrer, nous devons compléter ce qui manque par des apports extérieurs. On va y arriver car, aujourd'hui, les gens se parlent», a-t-il précisé. Actuellement, les apports extérieurs - ce qui ne veut pas dire forcément étranger - pèsent ainsi 20% au Guilvinec, 4.000 tonnes y viennent par la route. «Nous voulons faire venir du poisson mais en ciblant les espèces», a annoncé Philippe Le Carre, directeur chargé des équipements. Principales espèces visées: l'églefin, le merlan, la langoustine du nord, le cabillaud, la raie, la lotte ou encore le turbot. Avec un étalement des approvisionnements en semaine.

Enchères descendantes confirmées

Pas de volumes annoncés hier. La CCI a englobé cette perspective dans une démarche plus large pour améliorer la commercialisation du poisson. Avec la confirmation du système des enchères descendantes lancé en juin2009. «Cela nous a permis de gagner 40% à 50% de temps lors de la vente pour la pêche hauturière, de 10% à 35% pour la pêche côtière. Il n'y a pas d'effet de baisse sur les prix lié à ces enchères», a indiqué Philippe Le Carre. «Maintenant, tous les acheteurs restent jusqu'au dernier bateau, il n'y a plus d'effondrement des prix en fin de vente», a ajouté Pierrick Joncour, vice-président de la CCI. Et un gain de temps pour les transporteurs d'autant que la vente hauturière a été avancée à 6h.

Agréage qualité

Pour autant, «il nous manque encore un quart d'heure pour raccrocher les grands départs à Lorient». Un gain qui devra être trouvé «sans toucher aux horaires de vente» mais par une réorganisation du transport. «Le mieux seraient que les bateaux débarquent directement chez nous», a affiché Jean-François Garrec. Pour cela, la CCI va faire la promotion de ses services et équipements. Autre perspective, l'agréage qualité afin de renforcer la vente à distance. 25% des ventes sous criées se déroulent désormais sur cadran sans que les acheteurs ne voient le poisson. Avec Normapêche, une équipe de quatre agréeurs (un à Concarneau, trois dans le Pays bigouden) va être formée.

Jacky Hamard - Le Télégramme - 8 mai 2010


Règlement de comptes au large de Groix

Le patron pêcheur lorientais hélitreuillé mercredi n'a pas été victime d'un accident du travail. Il a été touché par une balle tirée depuis un autre chalutier!

Mercredi après-midi, le Crossad'Etel reçoit un appel du Guillemot III, un chalutier lorientais qui pêche la langoustine à20km au sud de Groix. Le patron, blessé à l'aine, doit être évacué en hélicoptère vers l'hôpital de la Cavale Blanche, à Brest. Lors de son transport, il prétend qu'il s'agit d'un malheureux accident du travail. Ses explications sont confuses. Et la réalité de sa blessure ne correspond pas à sa version. Jeudi après-midi, il est opéré et le chirurgien lui retire une balle dans le haut de la cuisse. Mais les propos du blessé restent évasifs. La gendarmerie maritime est alors saisie. Elle entend les membres d'équipages du Guillemot III et du Mémère Marie, un chalutier lorientais qui pêchait dans le même secteur.

Deux coups de feu

Lors de son audition, le patron du Mémère Marie reconnaît être l'auteur des deux coups de feu. Il indique qu'il a tiré à deux reprises sans vouloir viser son collègue. Le roulis expliquerait cette balle perdue. Interrogée au CHU de la Cavale Blanche, la victime a confirmé cette version des faits.

Manoeuvre d'intimidation ou jeu stupide?

Néanmoins, les motivations de cet affrontement en pleine mer demeurent floues. Tout comme la présence d'une arme à bord, pourtant interdite. «Il affirme qu'il embarque sa carabine pour s'amuser à viser les goélands», confie une source proche de l'enquête. L'hypothèse d'une concurrence exacerbée en pleine saison de la langoustine, dans une zone où pêchent une trentaine de navires lorientais et bigoudens, semble écartée. Les enquêteurs, qui ont dépêché à bord du Guillemot III des techniciens en identification criminelle, vérifient la version de la manoeuvre d'intimidation entre deux chalutiers qui naviguaient côte à côte. Et ils n'écartent pas, non plus, celle du jeu stupide qui dégénère. Placé en garde à vue jeudi soir, l'auteur présumé des coups de feu a été laissé en liberté hier en fin d'après-midi.


Jacky Hamard - Le Télégramme - 8 mai 2010

mardi 4 mai 2010

CFDT. 300 adhérents à l'union locale







L'union locale bigoudène de la CFDT a tenu son assemblée générale, vendredi dernier, à la MPT de Penmarc'h. La section, qui compte 300 adhérents, entend rester attentive aux conditions de travail des salariés.

L'union locale bigoudène compte 300 adhérents, travaillant sur son territoire. Le conseil est composé de treize membres (y compris le permanent). Sept à huit membres sont présents à chaque réunion. Ils se réunissent cinq à six fois par an. Ils sont, pour moitié, des retraités et, pour le reste, des membres de sections syndicales des conserveries (Hénaff et Halios) et des employés municipaux et de la santé (Association Pen Ar Prat). En 2009, la question de l'organisation de permanences juridiques s'est posée. Mais les réponses en termes de moyens et d'organisation ne sont pas clairement établies. «Aujourd'hui, l'accès aux données juridiques est possible dans les permanences par intranet; mais les adhérents ont accès directement au site cfdt.fr», confirme Georges Banide.

Un «observateur» attentif

L'organisation de la campagne des dernières élections prud'homales a mobilisé les militants. Le conseil a également débattu de la situation de l'emploi (en particulier sur la zone côtière) par rapport aux activités liées à la pêche et au mareyage; sur la situation des activités santé (avenir de l'Hôtel Dieu, l'ADMR, etc.). D'autre part, dans le secteur du commerce, l'ouverture les dimanches et jours fériés inquiète l'union locale, qui souhaite remplir un rôle «d'observateur». Le bureau été reconduit comme suit: secrétaire général, Georges Banide; secrétaire adjoint Louis Andro; trésorier, Émile Le Pape.

Le Télégramme 4 mai 2010