lundi 27 septembre 2010

Les ex-Capal refusent de payer l'héritage

Six unités de l'ex-Capal (Loctudy) ont fait une entrée remarquée au Guilvinec, hier, pour protester contre les conditions de rachat des navires, dans le cadre de la liquidation de l'armement.

Il y a un petit moment que des chalutiers n'étaient pas entrés au Guilvinec, en convoi, au son de leur corne de brume, pour manifester leur colère. Sur les coups de 17h hier, quand six unités hauturières de l'ex-Capal se sont présentées les unes après les autres, les touristes encore présents sur le belvédère de la criée ont dû trouver le tableau joliment rose. Pourtant, à bord, l'ambiance était au morose. An Triskell, Damien-Florent, Kelig-Florian, Locléade, Connemara, Damoclès, sans oublier Hunure Gouet, resté bloqué à Loctudy à cause d'un moteur en grève, les rescapés de la Capal sont allés rejoindre le quai flambant neuf des hauturiers. «C'est un symbole, explique Gwen Le Floch, patron du Damoclès. On est les premiers bateaux à venir accoster là, c'est un peu son inauguration. Mais on veut montrer que si c'est pour que les bateaux restent là indéfiniment, il ne sert à rien». Ce qui menace aujourd'hui ces bateaux, c'est l'héritage pour le moins lourd à digérer de l'ancienne Capal, société coopérative d'armement basée à Loctudy pendant trente ans et placée en liquidation en mai2009. À cette époque, 13bateaux constituaient sa flotte. Six ont été cassés depuis, conséquence d'un naufrage provoqué par près de 9M€ de passif.

Des navires viables

«Nous, ce qu'on veut, poursuit Gwen Le Floch, c'est racheter nos bateaux, pas rester en copropriété avec le liquidateur». Car, comme le Damoclès, «acheté il y a 10 ans, en copropriété avec la Capal, détenteur majoritaire avec 60%», ces unités n'appartiennent qu'en partie à leurs patrons, dans des proportions allant de 30 à 80%. «Le problème, c'est qu'on nous demande beaucoup trop d'argent pour ces parts». Dans la ligne de mire des pêcheurs, le Crédit Maritime, accusé d'avoir «laissé filer la gestion de la Capal jusqu'à la liquidation», et de vouloir aujourd'hui «récupérer une partie des dettes sur le dos des bateaux qui continuent à marcher». Car ces navires, même âgés de 20 ans, restent bien entretenus et sont viables.

L'avenir de Loctudy

«Mais on a beaucoup de travaux à faire dessus, explique un patron. Avec ce qu'on nous demande pour racheter les parts, si on l'accepte, dans six mois, on sera obligés de s'arrêter pour de bon». En filigrane, c'est une nouvelle fois la pêche bigoudène qui est menacée. «Ces bateaux, ça représente 5M€ de chiffre d'affaires par an. On ne laisserait pas tomber une entreprise qui aurait ce bilan à terre», déplore Robert Bouguéon, président du Comité Local. «Et puis ce sont 30familles de marins, 100emplois induits peut-être». C'est aussi l'avenir de Loctudy, «parce que ces bateaux représentent un tiers de l'activité, entre 600 et 700t par an. Si onles enlève, on ferme le port». Alors que les patrons-pêcheurs expliquent qu'ils n'ont «pas rencontré le liquidateur depuis un an et demi», une réunion est prévue lundi après-midi au Crédit Maritime à Quimper. Un premier pas, tous l'espèrent, vers une sortie de crise raisonnable et à l'amiable


Marc Revel -Le Télégramme - 25 septembre 2010

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