vendredi 9 octobre 2009

Mouvement de grogne des pêcheurs

Depuis plusieurs semaines, la tension était palpable, notamment en raison des cours bas. Hier, au Guilvinec, les pêcheurs s'en sont pris aux mareyeurs. Qui s'en sont pris à la faiblesse du marché.

Après s'être rassemblé devant la passe du Guilvinec, une trentaine de chalutiers côtiers ont fait une entrée groupée dans le port pour montrer leur mécontentement. La pêche débarquée, menaçant d'annuler la vente, soixante marins-pêcheurs excédés se sont retrouvés face à une dizaine de mareyeurs dans une salle exigüe de la criée, sous les tableaux électroniques fixant les prix. Un face à face tendu. En cause, la faiblesse des cours. «Tu trouves normal que je vende pour 65 € hier», s'emporte un marin-pêcheur à l'adresse d'un mareyeur. Un chiffre qui ne tient pas compte des ventes au prix de retrait. Autre reproche fait au mareyage, un fonctionnement de la criée jugé «aberrant» par les marins. «Comment ça se fait qu'un bateau qui vend à 16h45 vend bien, alors que celui qui vend à 17h15 ne vende rien».
«Pas de marché»

Un phénomène reconnu un peu plus tard, les débats calmés, par la plupart des professionnels, estimant qu'il n'est «pas normal qu'à qualité égale, on puisse avoir 2 € de différence au kilo sur la langoustine». Face aux pêcheurs, les mareyeurs se justifient. «Je vais pas acheter du poisson pour le laisser pourrir, explique l'un d'entre eux. Nous aussi, on a nos difficultés, nous aussi, on a du personnel. En face, il n'y a pas d'acheteurs, il n'y a pas de marché». Une réalité, que l'interconnexion des criées de Cornouaille a du mal à effacer. Sous les yeux de Christophe Hamel, directeur des criées, les marins-pêcheurs ont alors remis en doute le système par enchères descendantes, instauré au Guilvinec en juin. Il prévoit que le premier mareyeur qui appuie sur son boîtier, une fois le prix du crieur parti à la baisse, emporte le lot. «Les cours ont baissé avec ce système, faut tester les enchères montantes». «On peut toujours tester», explique Christophe Hamel, pas convaincu de ses avantages. «Mais on est dans un ensemble cornouaillais, je ne peux pas prendre une décision ici qui ne s'appliquerait pas ailleurs». Après des consultation, le principe pourrait être essayé techniquement, avant, pourquoi pas, une vraie vente test.

Le Télégramme - M. Revel 9-10-2009

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