En Cornouaille, un marin induit 4,3 emplois à terre. C'est un chiffre clé de l'étude 2009 du comité de bassin d'emploi sur l'impact des plans de sortie de flotte de l'Europe. Si Bruxelles serrait encore la vis, la Cornouaille serait face à un effet de seuil. C'est donc l'état d'urgence.
2006, 2008 et 2009: trois plans de sortie de flotte mis en place par l'Europe pour «tenter de mettre fin à la surcapacité de pêche de l'Union». Sur les 503 navires français détruits, 62 dépendaient de la flottille cornouaillaise.
L'Europe a versé 17M€ pour sortir 62 bateaux
Comment l'économie d'ici a-t-elle été impactée par ces plans? Une toute récente étude du comité de bassin d'emploi (CBE) de Cornouaille apporte de précieux indicateurs notamment sur le Plan de sortie de flotte 2009. Un PSF 2009 dont le CBE a suivi les marins et les bateaux d'avril à décembre derniers. «Si une partie des entreprises était dans une situation financière difficile (...) un certain nombre d'armateurs ont pu profiter des financements pour renouveler partiellement leur flottille (...)». C'est un aspect «positif» pour les ports concernés car ceci «permet de maintenir de l'emploi et du débarquement avec des outils mieux adaptés», dit le CBE. CBE qui note qu'«une partie des candidats au PSF 2009 était proche de l'âge de la retraite, et pour ces armateurs, s'ils n'étaient pas en difficultés financières, le PSF a représenté un capital non négligeable pour la retraite». L'étude révèle ainsi que l'enveloppe de ce PSF 2009 était de 8,2M€ pour 32 navires, soit une moyenne de 250.000€ par bateau. Les sommes allouées aux armateurs allant de 127.000€ à 690.000€. Depuis 2006, l'Europe a ainsi versé plus de 17M€ pour «sortir» 62 bateaux d'ici. Mais cette grosse enveloppe ne doit pas masquer l'impact de ces casses de bateaux.
23,5M€ perdus
En effet, le CBE compte que 62navires en moins sur les trois derniers PSF, c'est 23,5M€ de chiffre d'affaires perdus. Une manne financière qui ne se réinjecte plus dans l'économie cornouaillaise. Et côté emploi, ces restructurations pèsent aussi: sur le PSF 2009, le CBE indique que ce n'est pas l'emploi direct des 78 marins concernés qui est le plus touché, 86% d'entreeux ont retrouvé un emploi sur un autre bateau. C'est l'emploi indirect qui en pâtit le plus avec notamment un plan de départs volontaires de 24personnes à la CCI de Quimper. Plus globalement, des ports qui se vident sont des emplois et des familles qui partent pouvant effilocher le tissu socio-économique local (commerces, écoles...). Pour bien saisir l'enjeu, le CBE calcule qu'aujourd'hui «15% des emplois se trouvent dans le secteur de la pêche à Audierne, 22% à Douarnenez, 33% à Saint-Guénolé-Penmarc'h et à Concarneau, 44% à Loctudy. Au Guilvinec, c'est même plus d'emplois que la population active résidente».
Le Pays bigouden Sud se réunit en Assises
Côté intercommunalités, c'est le Pays bigouden Sud (CCPBS) qui est le plus exposé par cette évolution de la pêche puisque la moitié des 943 entreprises halieutiques cornouaillaises y est implantée et que son territoire abrite les ports du plus gros quartier maritime de France: Le Guilvinec. Les élus se penchent d'ailleurs sur le dossier ce matin à Penmarc'h lors d'Assises dédiées à la pêche. «Pour fixer un cap commun de travail», dit Jean-Paul Stanzel, président. Et l'état d'urgence vaut pour toute la Cornouaille car les 2.244marins recensés en 2009 y induisent 11.851 emplois dans les criées, chez les transformateurs, mareyeurs, transporteurs, restaurateurs, grandes surfaces... Oui, un marin en mer, c'est 4,3emplois à terre. L'avenir de la pêche et celui de l'économie cornouaillaise sont donc très liés.
Éviter l'effet de seuil
Les élus comme les acteurs de la filière et les responsables économiques l'ont compris en signant, en 2009, le Pacte territorial pour une pêche durable. Il sera vital de rester mobilisé car le CBE tire la sonnette d'alarme: en cas de nouvelles restructurations européennes, «il peut exister un effet de seuil qui conduise à la disparition totale ou partielle d'un secteur de la filière ou d'un des ports cornouaillais». Après Lesconil, l'étude le rappelle, Loctudy navigue en eaux dangereuses.
Le Télégramme 27 mars 2010
2006, 2008 et 2009: trois plans de sortie de flotte mis en place par l'Europe pour «tenter de mettre fin à la surcapacité de pêche de l'Union». Sur les 503 navires français détruits, 62 dépendaient de la flottille cornouaillaise.
L'Europe a versé 17M€ pour sortir 62 bateaux
Comment l'économie d'ici a-t-elle été impactée par ces plans? Une toute récente étude du comité de bassin d'emploi (CBE) de Cornouaille apporte de précieux indicateurs notamment sur le Plan de sortie de flotte 2009. Un PSF 2009 dont le CBE a suivi les marins et les bateaux d'avril à décembre derniers. «Si une partie des entreprises était dans une situation financière difficile (...) un certain nombre d'armateurs ont pu profiter des financements pour renouveler partiellement leur flottille (...)». C'est un aspect «positif» pour les ports concernés car ceci «permet de maintenir de l'emploi et du débarquement avec des outils mieux adaptés», dit le CBE. CBE qui note qu'«une partie des candidats au PSF 2009 était proche de l'âge de la retraite, et pour ces armateurs, s'ils n'étaient pas en difficultés financières, le PSF a représenté un capital non négligeable pour la retraite». L'étude révèle ainsi que l'enveloppe de ce PSF 2009 était de 8,2M€ pour 32 navires, soit une moyenne de 250.000€ par bateau. Les sommes allouées aux armateurs allant de 127.000€ à 690.000€. Depuis 2006, l'Europe a ainsi versé plus de 17M€ pour «sortir» 62 bateaux d'ici. Mais cette grosse enveloppe ne doit pas masquer l'impact de ces casses de bateaux.
23,5M€ perdus
En effet, le CBE compte que 62navires en moins sur les trois derniers PSF, c'est 23,5M€ de chiffre d'affaires perdus. Une manne financière qui ne se réinjecte plus dans l'économie cornouaillaise. Et côté emploi, ces restructurations pèsent aussi: sur le PSF 2009, le CBE indique que ce n'est pas l'emploi direct des 78 marins concernés qui est le plus touché, 86% d'entreeux ont retrouvé un emploi sur un autre bateau. C'est l'emploi indirect qui en pâtit le plus avec notamment un plan de départs volontaires de 24personnes à la CCI de Quimper. Plus globalement, des ports qui se vident sont des emplois et des familles qui partent pouvant effilocher le tissu socio-économique local (commerces, écoles...). Pour bien saisir l'enjeu, le CBE calcule qu'aujourd'hui «15% des emplois se trouvent dans le secteur de la pêche à Audierne, 22% à Douarnenez, 33% à Saint-Guénolé-Penmarc'h et à Concarneau, 44% à Loctudy. Au Guilvinec, c'est même plus d'emplois que la population active résidente».
Le Pays bigouden Sud se réunit en Assises
Côté intercommunalités, c'est le Pays bigouden Sud (CCPBS) qui est le plus exposé par cette évolution de la pêche puisque la moitié des 943 entreprises halieutiques cornouaillaises y est implantée et que son territoire abrite les ports du plus gros quartier maritime de France: Le Guilvinec. Les élus se penchent d'ailleurs sur le dossier ce matin à Penmarc'h lors d'Assises dédiées à la pêche. «Pour fixer un cap commun de travail», dit Jean-Paul Stanzel, président. Et l'état d'urgence vaut pour toute la Cornouaille car les 2.244marins recensés en 2009 y induisent 11.851 emplois dans les criées, chez les transformateurs, mareyeurs, transporteurs, restaurateurs, grandes surfaces... Oui, un marin en mer, c'est 4,3emplois à terre. L'avenir de la pêche et celui de l'économie cornouaillaise sont donc très liés.
Éviter l'effet de seuil
Les élus comme les acteurs de la filière et les responsables économiques l'ont compris en signant, en 2009, le Pacte territorial pour une pêche durable. Il sera vital de rester mobilisé car le CBE tire la sonnette d'alarme: en cas de nouvelles restructurations européennes, «il peut exister un effet de seuil qui conduise à la disparition totale ou partielle d'un secteur de la filière ou d'un des ports cornouaillais». Après Lesconil, l'étude le rappelle, Loctudy navigue en eaux dangereuses.
Le Télégramme 27 mars 2010
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