mardi 2 juin 2009

Argent. Nouvelle donne dans les ports

Faire face aux exigences de la gestion comptable, et prendre en compte une nouvelle législation, les groupements de pêcheurs, qui regroupent notamment les artisans, doivent s'adapter. Et se tourner vers le secteur privé.

C'est un texte de loi qui est passé presque inaperçu, mais qui est venu changer l'un des paramètres les moins connus de la pêche. Celui de la gestion des entreprises. Depuis le 1erjanvier, les groupements de pêcheurs, à l'image de la SCPAL de Lesconil (Société coopérative des artisans pêcheurs de Lesconil), doivent impérativement confier les dossiers de gestion à des comptables professionnels indépendants. Résultat, faute de pouvoir continuer d'assurer la gestion de leurs adhérents, les groupements ont dû se rapprocher des cabinets privés. Pour Jean-Michel Keraudren, le président de la SCPAL, un des derniers groupements coopératifs du Pays bigouden, «on n'avait plus le choix. Avec ce texte de loi, on était obligé de laisser de côté l'activité de gestion qu'on avait jusque-là».









Jean-Michel Keraudren, président de la SCPAL, Christian Kermarrec et Bernard Kervarec, du cabinet PricewaterhouseCoopers et Philippe Le Moigne, inaugurent à Lesconil une nouvelle collaboration dans la gestion des entreprises de pêche


150 navires au Guilvinec

Désormais, c'est un cabinet indépendant, PricewaterhouseCoopers, qui sera chargé de cette mission. Un cabinet basé à Quimper et Pont-l'Abbé, qui gère désormais la comptabilité de 150 navires sur le quartier maritime du Guilvinec, «des canots aux plus grosses unités» et qui a déjà accompagné la mise en place des Contrats bleus. Dès lors, pour ChristianKermarrec, un de ses deux dirigeants, «c'est une nouvelle étape dans notre engagement durable auprès des acteurs de la pêche et du secteur maritime. C'est logique, ça fait plus de 25 ans que l'on travaille avec le secteur de la pêche en Cornouaille». Reste que ce rapprochement entre groupements coopératifs et sociétés privées ne va pas sans conséquences. À l'image de ce qui se passe pour la SCPAL, la gestion, une des raisons d'être de ces organismes qui constituaient une ossature forte du secteur de la pêche, disparaît. Mais le groupement conserve une partie de ses missions. «Les salariés de la SCPAL seront intégrés au cabinet, poursuit Jean-MichelKeraudren. Ça ne veut pas dire qu'on disparaît. On va continuer notre mission de soutien de marché, notamment». Une autre conséquence est plus sociale. Signe, aussi, des turbulences que traverse la filière. Accompagnement des familles, conseil patrimonial, une partie de ce qui faisait partie intégrante de la solidarité de la communauté des gens de mer, et qui passait par les groupements de pêcheurs, va désormais devenir du ressort des sociétés privées. Le cabinet PricewarerhouseCoopers ne le cache pas. «Nous avons l'intention de mettre à disposition des clients du monde maritime l'ensemble de l'offre de service du cabinet:social, expertise, audit, fiscalité». Symbole de cette mutation, le cabinet a annoncé son installation sur le port de Lesconil. «Ça a pesé lourd dans la balance et dans notre décision de rapprochement», poursuit encore Jean-Michel Keraudren. Un port qui a perdu l'an dernier la vente sous criée et qui doit trouver aujourd'hui des solutions pour diversifier ses activités et continuer d'exister.

  • Marc Revel - Le Télégramme - 2 juin 2009

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